Liberté : L'année passée, votre festival s'est tenu presque en même temps que ceux du Caire, de Damas et de Marrakech. Vous avez été derrière l'entente de ne pas se marcher dessus. Est-ce que le consensus a été facile à trouver ? Neil D. Stephenson : Non. Cela n'a pas été facile. Nous avons approché et consulté nos collègues de Damas, du Caire et de Marrakech pour leur dire que nous voulons, pour le bien de tout le monde et du cinéma, un arrangement. Nous les avons contactés individuellement pour leur exprimer notre désir de collaborer ensemble pour le bien de tout le monde et du cinéma. Finalement, nous avons réussi à nous entendre. Inch'Allah, cette entente sera durable. Vous êtes à votre deuxième édition et la presse nationale et internationale se veut élogieuse. Comment est né le festival et quel bilan en faites-vous ? Le festival est né d'une discussion entre moi, Sa Majesté cheikh Ahmed ibn Saeed et d'autres personnes autour de la construction de ponts culturels. Dubaï est une ville arabe et musulmane, mais elle est aussi une ville internationale qui peut prendre en charge ce genre de projet. Cela est devenu une nécessité, surtout après les évènements du 11 septembre qui ont beaucoup altéré le dialogue entre les mondes islamique et non islamique. Le festival a comme ambition de ramener ces deux mondes à dialoguer et à mieux se connaître. La 2e édition a été ouverte par un film arabe et politique. Y a-t-il un sens à déduire ? Nous n'avons pas cherché spécialement un film politique. Nous avons voulu un film arabe et de qualité. Paradise Now est un bon film qui traite du conflit israélo-palestinien d'un point de vue humain. Il reconnaît une réalité sans prendre radicalement de position guerrière. C'est un film que j'ai perçu comme un message de compréhension et tentative de comprendre. Il ne donne pas de leçon ou de réponse, juste une volonté de témoigner de la complexité des choses. La programmation est une sorte de shopping cannois, vénitien, berlinois… avec une mise à l'honneur de l'Afrique… Nous voulons montrer ce qui se fait de mieux dans le cinéma mondial. Dans ce sens, nous avons repris les succès festivaliers. Nous avons aussi mis en valeur les jeunes talents et surtout mis à l'honneur l'Afrique. Le monde entier a le regard rivé sur l'Afrique. Et notre festival a tenu à rendre hommage à la dynamique cinématographique de ce continent. En plus, Dubaï abrite énormément d'Africains que nous avons voulu impliquer dans le dialogue et leur donner la chance de voir les meilleures productions filmiques africaines. À travers “Les courts arabes” que dirige Mohamed Makhlouf, vous encouragez les courts métrages et les jeunes talents… Est-ce qu'ils peuvent s'attendre à plus d'encouragement ? Le festival est toujours ouvert aux jeunes. La moyenne d'âge dans cette section ne dépasse pas les 25 ans. La section que coordonne Mohamed Makhlouf sera toujours un espace d'expression pour les jeunes. Une occasion de montrer leurs œuvres afin qu'ils puissent se faire connaître. Cette année, nous avons accueilli plus de films, et cela va dans le sens de leur donner plus de visibilité. Votre festival est sans compétition. Est-elle prévue dans le futur ? Peut-être. Pour l'instant, rien n'est prévu. Nous sommes encore jeunes. Nous essayons d'abord d'asseoir le festival et de le faire connaître avec une qualité cinématographique et d'organisation irréprochable. La compétition est donc de la musique de l'avenir. Tahar HOUCHI