Cinéma n Du réalisateur palestinien Hany Abu-Assad, ce thriller psychologique sur le thème brûlant des attentats-suicide a été plusieurs fois primé au festival de Berlin. Alors que les images des attentats de Londres ou de Madrid et les explosions quotidiennes en Irak sont présentes dans tous les esprits, Hany Abu-Assad s'attache à retracer les dernières heures de Khaled et Saïd, deux kamikazes palestiniens, avant leur mort programmée à Tel-Aviv. «L'attentat-suicide est un acte extrême, que je condamne, mais ce qui m'intéressait c'était de raconter une histoire de l'intérieur et de partir du processus qui conduit ces hommes à commettre de tels actes», expliquait le réalisateur, né à Nazareth, lors de la présentation du film, lundi soir, à l'Institut du monde arabe à Paris. Coproduit par les Pays-Bas, l'Allemagne et la France, Paradise now, qui a obtenu le prix du public, le prix du meilleur film européen et le prix Amnesty International au festival de Berlin en février dernier, sort ce mercredi en France et en Belgique, avant d'être présenté le 9 septembre au festival de Toronto. Il sera distribué le 23 septembre en Autriche, le 29 en Allemagne, puis en Hongrie, en Italie, aux Pays-Bas (où réside le cinéaste) et aux Etats-Unis le 11 novembre. La date de sa sortie en Israël n'est pas encore fixée, selon la société Celluloïd Dreams qui le vend à l'étranger. Pour raconter l'histoire de Khaled et Saïd, deux amis d'enfance désignés pour le sacrifice par une faction palestinienne, Hany Abu-Assad a étudié les interrogatoires de kamikazes qui ont échoué et rencontré des proches. Et il s'est rendu compte que la plupart n'étaient pas «des activistes purs et durs mais des hommes ordinaires». On assiste au dernier dîner en famille ? l'entourage, bien sûr, ignore tout ?, à la préparation des corps, rasés, lavés déjà pour la mort, aux derniers messages filmés lors d'une scène dédramatisée par l'humour car la caméra tombe en panne et le kamikaze doit s?y reprendre à plusieurs reprises pour réciter son testament. Mais l'équipée des deux martyrs, ceints d'explosifs sous leur costume-cravate noirs, ne va pas suivre le cours prévu. Ils sont séparés. Saïd, livré à lui-même, au doute, hésite. Suha (l'actrice belge d'origine marocaine Lubna Azabal), fille d'un héros palestinien, croit que «la résistance peut prendre d'autres formes» et essaie de les dissuader : «Tuer, c'est faire comme eux, dit-elle, la victime rejoint le bourreau, le paradis n'existe pas.»