Croyance Hormis les mourants et les femmes enceintes, tout le monde pouvait passer la nuit dans le temple. Avant d?entrer dans l?enceinte du temple, le sujet devait observer certains rites purificateurs qui le mettent à l?abri des mauvais esprits. Il devait aussi réciter des prières, notamment supplier le dieu du temple d?accéder à sa demande. Il est clair que l?incubation est intimement liée aux cultes païens, par ses aspects cultuels qui en faisaient partie. Le rite de l?incubation a été abondamment décrit par les auteurs anciens que le psychanalyste suisse Carl Alfred Meier, a réuni dans son ouvrage monumental, publié en 1949, sur le rêve et l?incubation dans la Grèce antique et ses rapports avec la psychothérapie moderne. «Après certains rites purificateurs, des ablutions et des sacrifices préliminaires, le malade s?endormait sur son kliné (lit), dans l??abaton? ou l??adyton?, ce qui veut dire le ?lieu réservé aux invités?? Le malade admis, tout restait suspendu à l?attente du rêve qui convenait, pendant le sommeil dans l?abaton.» Tout le monde pouvait accéder à ces lieux, à l?exception des mourants ou des femmes enceintes, car on croyait que la mort ou la naissance remettaient en cause la pureté des lieux. Le malade, fortement influencé par le rituel (on dirait aujourd?hui, psychologiquement conditionné) fait un rêve : si c?est le rêve qui convient, c?est-à-dire qui lui apporte une solution, il se réveille guéri, autrement il garde son état initial et on dira que son rêve ne convenait pas. Il fallait se contenter de cette réponse ou alors revenir une autre fois, avec une espérance plus forte. En règle générale, il suffisait que le dieu de la médecine, Esculape, apparaisse au dormeurs pour que la guérison s?effectue. Quand le patient est trop ému pour dormir, il reçoit alors l?information à l?état de veille, en ayant une vision. Le dieu apparaissait sous l?image cultuelle qu?il a habituellement : un grand homme barbu, ou sous la forme d?un jeune garçon. Il était parfois accompagné de son épouse vierge ou de sa fille. Le dieu prenait aussi la forme d?un animal, généralement un chien ou un serpent. Sous l?une de ces formes, Esculape touchait la partie malade du corps et disparaissait. Aux temps les plus anciens, on croyait que si le dieu n?apparaissait pas dès la première nuit passée au temple, le malade était condamné. Répétons encore que c?est le rituel, qui était très impressionnant, qui provoquait les rêves et pouvait, par suggestion, provoquer des phénomènes de rémission de certaines maladies.