Calvaire Lorsqu?elles acceptent de lever le voile sur une tranche de leur vie, c?est de leur souffrance qu?elles parlent. Fella, 34 ans, est l?aînée de la famille. «Je travaillais avant de me marier pour subvenir aux besoins de ma modeste famille. Mais je ne m?entendais paas avec un de mes frères chômeur. Il m?empêchait d?aller travailler et me battait car je n?étais pas mariée et me surnommait bayra. Je n?oublierai jamais quand je sortais par la fenêtre de la maison pour aller enseigner à l?école, mon seul refuge pour me reposer.» Fella, pour fuir les insultes, s?est finalement mariée avec un homme déjà marié et ayant des enfants, je suis tombée dans un autre piège. L?homme, censé me protéger, est agressif, ne dépense aucun sou pour ses trois enfants et me soutire de l?argent» Même martyre pour Nacéra. Elle a un mari drogué et violent. Elle le connaissait avant de l?épouser, mais ne savait pas qu?il se droguait. Vivant avec lui dans son logement de fonction ? à elle ?, il la bat et la fait sortir quand il en a envie. Une autre enseignante, mariée à un chômeur, reçoit son mari à chaque virement de salaire car elle doit, à ce moment-là, lui remettre le chèque si elle veut éviter le scandale qu?il ne manque pas de lui faire à l?école. Pour Fatima, elle, c?est une autre histoire : «Je travaille, mais je suis démunie. Mon mari est décédé. Je donne des cours particuliers de toutes les matières pour arriver à faire vivre mes quatre enfants en bas âge», déclare cette enseignante qui a18 ans de service à son actif. Djaouida, enseignante en langue française, se retrouve souvent sur un lit d?hôpital car elle s?évanouit en classe. Les radios ont révélé un problème cardiaque. «Je ne peux plus m?imposer auprès des élèves, ni crier», dit-elle. Les médecins lui ont fortement conseillé de prendre des congés longue durée, mais elle a refusé car le dossier de remboursement traîne à l?assurance. «J?ai acheté un appartement dans le cadre de promesse de vente, avec mon mari, plus l?acquisition d?un prêt bancaire à mon nom et je me suis même endettée donc ce n?est pas le moment pour moi de quitter mon travail», explique Malika. Citons également le cas de cette enseignante qui dormait dans une voiture faute de logement, pour soutenir son mari qui avait perdu la vue. Elle est même passée dans une émission radio pour demander de l?aide aux âmes charitables.