Passion C?est une femme pétillante de vie. Un boute-en-train. Elle déborde de sensibilité et d?amour, même si la vie ne lui a pas fait beaucoup de cadeaux. Louisa Djedaidia est la première femme reporter photographe en Algérie. Opiniâtre et ambitieuse, cette femme, qui s?est imposée avec son talent et son audace, était la seule à être présente au Sommet des pays non alignés qu?a accueilli l?Algérie en 1973. À 56 ans et au-delà des rides, qui garnissent sa frimousse d?enfant, des mèches blondes qui agrémentent sa chevelure noire, elle exhale jeunesse et énergie. Nul ne peut rester insensible à autant de vie, de fougue et de passion. Elle a débuté comme photographe stagiaire dans un petit studio chez un particulier, situé dans la banlieue d?Alger. Elle n?avait alors que 16 ans. «Je ne rentrais chez moi que vers 22 heures. Je ne pouvais fermer le studio plus tôt. Ma mère adoptive venait me tenir compagnie. Certes c?était un risque à prendre, mais j?aimais mon métier et je ne voulais pas abandonner», confie-t-elle, tout émue de revisiter son long parcours. Elle a exercé dans différents secteurs, au ministère de l?Information à 19 ans, à l?Agence nationale d?information (APS), au quotidien Révolution, à Algérie Actualité et a atterri finalement à El Moudjahid, où elle pratiquera pendant 20 ans. «J?ai la photo dans le sang ! Je ne saurais vous l?expliquer ! Je ne ratais jamais rien, mon appareil accroché à l?épaule, je photographiais tout ce qui m?émouvait. La photo est comme un article que l?on écrit, elle parle d?elle-même.» Son premier reportage photos, elle l?a effectué un certain 8 mars, à l?occasion de la Journée mondiale de la femme, elle en garde un émouvant souvenir. «J?étais toute timide et émue de voir autant de personnalités politiques, Boumediene était présent. J?avais l?impression que tout le monde me regardait et puis je me suis vite habituée.» En 1997, cette femme aimée et connue dans le monde de la presse algérienne, prend sa retraite anticipée pour des raisons familiales. Elle s?est mariée et a eu deux enfants qu?elle adore : «Mon mari a voulu que j?arrête mon travail, je n?ai pas accepté. Nous avons donc divorcé.» Une aventure qui la marquera à vie. «Certes, ce n?est pas facile pour une femme de travailler à l?intérieur et à l?extérieur surtout lorsque son mari ne l?aide pas, tout lui tombe sur la tête. J?ai donné le meilleur de moi-même à la presse et je ne regrette rien. J?aime mon travail et mon pays». Aujourd?hui, Louisa souhaite reprendre son travail de photographe. «Je ne peux rester ainsi, la photo est tout pour moi. J?ai eu des promesses de réintégration, il y a longtemps et j?attends toujours.»