Une lumière la nuit (2004) et La Femme de Gilles (2004) sont deux films étroitement liés. Pourtant, le premier est réalisé par Nadia Benzekri, alors que le second est l'œuvre de Frédéric Fonteyne. En fait le point commun entre les deux est Madeleine Bourdouxhe. Cette dernière, auteur belge, a eu un succès fulgurant lors de la parution de son premier roman, en 1937, La femme de Gilles, réédité en 1985 et duquel a été adapté le film de Frédéric Fonteyne. Et Une lumière la nuit n'est autre que le portrait de l'auteur fait par sa petite-fille, Nadia Benzekri. Un peu compliquée cette histoire ! Mais c'est aussi pour éclaircir les choses que le CCF et la délégation Wallonie Bruxelles en Algérie ont décidé d'organiser la projection de Une lumière la nuit, à la cinémathèque, à la veille du passage de La femme de Gilles à Ibn Zeydoun. Il s'agit donc d'un portrait de 52 minutes qui tombe à point nommé, puisque Madeleine Bourdouxhe, décédée en 1996, aurait eu 100 ans cette année. Le hasard fait bien les choses. Pour la jeune réalisatrice qui démarre sa carrière avec ce portrait, sa grand-mère est « une petite fille curieuse. Une adolescente secrète et passionnée. Une jeune écrivain des années 1930. Une femme amoureuse. Une intellectuelle engagée. Une épouse. Une professeur attentive. Une amante. Une artiste qui ne cherche pas l'éclat. Une mère. Une rêveuse tourmentée. Une vieille dame érudite. Un oiseau de nuit. Ma grand-mère. Madeleine Bourdouxhe ». Nadia Benzekri s'est plongée dans les archives de sa grand-mère, constituées de photographies, de courrier et de différents écrits, dont un journal intime. Elle a fait parler des amis de l'auteur de La femme de Gilles, deux de ses anciens élèves, ainsi que sa fille, donc la mère de Nadia Benzekri. Le résultat est parfait. On en apprend beaucoup, mais pas trop. Juste ce qu'il faut pour situer celle qui a réussi à entrer dans le monde la littérature par la grande porte. La grand-mère était très secrète et la réalisatrice a su garder un petit mystère autour de ce personnage très particulier dont la vie autant que le parcours littéraire n'avaient rien d'anodin. En d'autres termes, la réalisatrice a dévoilé avec talent un peu de l'étonnant destin de Madeleine Bourdouxhe.