Au milieu de cette jeunesse perdue qui cherche encore ses repères, la sagesse et la sensibilité de l'artiste font chaud au coeur. Imène Mébarki est une jeune autodidacte qui a hérité de la sagesse de son père et de sa sensibilité artistique qui vont faire d'elle, à coup sûr, une artiste-peintre dont on entendra parler, pourvu qu'elle reçoive l'attention et l'aide qu'elle mérite. Née à Alger, un 23 septembre 1978, cette jeune fille pleine de fougue et pétillante de vie se découvre très tôt un goût prononcé pour la peinture et un don particulier pour l'art. Sur ses cahiers d'écolière, des dessins, des esquisses, des croquis ; plus tard ce sont carrément des tableaux, des fresques, des sculptures, faits un peu au hasard des sensations, gestes spontanés appris sur le tas, nés d'une répulsion à certaines situations, d'un rejet d'une société qui dépérit à vue d'oeil, d'un dégoût envers une jeunesse qui va à la dérive sans se rendre compte du temps qu'elle gaspille inutilement, d'une vie chère mais rendue très insignifiante... La jeune Imène, issue d'une famille modeste de cinq enfants, battante, dit qu'elle a toutes les raisons de vouloir crier à qui voudrait l'entendre, et même à ceux qui ne le voudraient pas, que la vie est précieuse, que nous sommes sur terre pour accomplir une mission, que nous devons tous nous tracer un but, que notre jeunesse doit réagir à ce qui se passe autour d'elle et ne pas rester passive face à ceux qui voudraient la diriger. Tout ceci, elle a décidé de le dire à travers ses oeuvres qu'elle expose fièrement et dont elle parle amoureusement et avec fougue dès que l'occasion lui est donnée. Toute nouvelle dans ce monde de l'art auquel elle tente de s'intégrer, avec le peu de moyens qu'elle a, mais riche de ses convictions, de ses idées et de son talent, Imène Mébarki a exposé ses oeuvres une toute première fois au Centre de loisirs scientifiques de la rue Didouche le 14 août 2003, puis à la Galerie d'arts de cette même rue le 15 septembre; à Bab El-Oued et grâce à Arts et Culture, elle a participé à une fresque où il lui a été possible de communiquer sa passion aux jeunes de la rue ; puis, au mois de Ramadan, les amoureux de cet art ont eu l'occasion d'apprécier ses 75 tableaux au TNA puis à la salle El Mougar. Son oeuvre est très symbolique, très significative ; ses sculptures, par exemple témoignent d'une amère réalité que l'artiste veut dénoncer : un visage difforme de l'arabe, cette race qu'on veut exterminer en multipliant ses soi-disant défauts, un autre visage humain qui symbolise d'un côté, la vie et d'un autre la mort, c'est «pour dire à l'homme insatiable qui veut assouvir tous ses désirs, qu'il ne doit pas oublier qu'il y a une mort, et également à celui qui ne sait pas apprécier la vie, qu'il faut aussi la croquer à pleines dents...», des tableaux destinés aux femmes qui ont perdu leur féminité, leur douceur, leur personnalité, des femmes qui ne s'occupent que de leur physique, des tableaux de femmes, parfois belles, parfois laides, en tenue de soirée (sa formation de styliste-modéliste y est pour beaucoup), tentantes mais qui cachent bien des misères; le sida, la drogue, le terrorisme, la violence, l'insouciance, l'inconscience, la misère, beaucoup de maux qui font mal à cette jeune fille qui voudrait tant en parler, qui voudrait tant qu'on l'écoute. Ses tableaux qu'elle appelle tableaux-pièges sont sans titres... «c'est pour éveiller la curiosité des gens qui les regardent... ils seront ainsi obligés de me questionner et c'est avec plaisir que je leur expliquerai... c'est un moyen de communication par lequel je veux toucher tout le monde» ; ayant appris le langage des sourds-muets, même à cette catégorie de gens à qui personne ne pense, elle, elle y a pensé et voudrait les toucher... Sacrée Imène...ton papa a toutes les raisons d'être fière de toi et le chemin que tu t'es tracé a besoin d'aide et de persévérance puisque la volonté y est.