Activité Le Théâtre national d?Algérie a abrité, mercredi, une pièce du dramaturge irakien, Djaouad el Assadi. Femmes en guerre est une pièce, jouée par deux Irakiennes Shadha et Souha Salem (Amina, Maryame) et une Libanaise Nadine Djamaâ (Rayhana). Elle raconte trois femmes vivant, en Allemagne dans l?exil, dans un asile miteux pour les réfugiés. Toutes les trois, tout aussi différentes les unes que les autres, partagent un même espace et doivent coexister pour pouvoir supporter les affres de l?exil et ne pas tomber dans l?hystérie. Chacune des femmes a sa propre culture, son caractère, ses aspirations et ses convictions ; et aucune d?elles ne doit imposer à l?autre sa perception de la vie et son attitude. Amina est une ancienne comédienne qui, aspirant à une vie meilleure, quitte l?Irak pour fuir la dictature. Elle arrive en Allemagne en quête de liberté et d?espoir. Pareil pour Maryame et Rayhana qui espèrent y trouver le bonheur. Il se trouve cependant que même en Allemagne l?espoir n?existe pas, en tout cas pas pour les étrangers venant de pays en guerre, puisque Amina finit par être expulsée par les services de l?émigration. Maryame est condamnée par une maladie incurable, alors que Rayhana vit dans l?illusion, espérant devenir, un jour, une étoile des planches. La pièce présente des personnages antagonistes. Amina, posée, affectueuse et compréhensive, regrette d?avoir quitté l?Irak. Maryame, quant à elle, est conservatrice et passe son temps à prier et à lire le Coran, elle pense que Dieu l?a punie pour avoir renoncé à sa patrie. Et enfin, Rayhana, frivole et aimant la coquetterie et se tournant vers l?avenir, reste indifférente à la réalité de son pays ; d?ailleurs, elle n?envisage même pas d?y retourner un jour. Elle n?y pense pas. Car pour elle l?Irak, c?est fini. Chacune de ces femmes est en guerre contre elle-même, contre son destin et contre l?exil. Elles sont en guerre pour la survie. A travers l?antagonisme de ces trois personnages, le metteur en scène, Djaouad el Assadi, traite du problème de la non-coexistence qui frappe son pays, l?Irak et du conflit qui en découle : Maryame et Rayhana sont deux femmes aux caractères opposés. L?une rejette l?autre. Une incompréhension s?installe et gâte leur relation. Les deux sont imperméables au dialogue. Djaouad el Assadi parle de la déchirure que vit la société irakienne et qui est provoquée par les querelles idéologiques ainsi que les rivalités politiques. Cela est dû à l?absence de dialogue entre les différents partis, une absence très perceptible dans la pièce à travers les deux protagonistes : Maryame et Rayhana qui ne se supportent pas et qui s?insultent. Toutefois, Amina est là pour rétablir l?équilibre. Elle constitue un trait d?union entre les deux. Elle cherche à les réconcilier et à leur trouver un terrain d?entente pour mieux se connaître et se comprendre, ne serait-ce que respecter leurs différences. Mais rien à faire. Femmes en guerre, qui sera en tournée à travers le territoire national, est une pièce rehaussée par une mise en scène avérée. Le jeu des comédiennes est naturel, fluide, et leur déplacement aérien. Même le dialogue, en arabe classique, est digeste, libéré de la pesanteur d?une grammaire stéréotypée.