Récit Alger, avant 1826. La flotte algérienne est à Toulon pour trois mois afin d?aider François Ier contre Charles-Quint, l?empereur espagnol. Après la prise de Tunis, ce dernier rêvait de détruire Alger considérée comme l?un des pays les plus puissants et riches de l?époque. Il équipe alors plus de 600 navires et sollicite l?armée des autres contrées, les flottes espagnoles, françaises et hollandaises notamment. Charles-Quint se voit déjà victorieux et croit d?emblée que, cette fois, face à son armada européenne, la médina imprenable ne résistera pas. Al-Djazaïr est esseulée, elle ne peut compter que sur les quelques troupes algéroises qui sont là. L?amiral de la flotte algérienne Khayr al-Din, frère de Arroudj, est à Istanbul, il ne peut intervenir, car Souleimane le Magnifique le lui interdit suggérant de faire face aux forces de la coalition de la Turquie. Hassan, le beau-fils de Khayr al-Din, use de son génie et planifie des incursions nocturnes opérées par la porte Azzoun, il réussit à affoler les soldats coalisés qui campaient sur la plage qui longe actuellement la route de l?ALN (les Sablettes). Les Mozabites, pour leur part, se sont déguisés en femmes, tout en s?approchant des soldats étrangers, certains, prenant des voix féminines, hurlaient : «Ce sont des femmes, laissez-les s?enfuir, la ville est perdue !» Les soldats ne bougent pas, croyant que la population algéroise est terrifiée. Mais arrivant à leur niveau, les Mozabites tirent sans vergogne leurs couteaux et s?acharnent sur les pauvres soldats ! Soudainement, la pluie commence à tomber, le vent hurle de toutes ses forces et la mer se déchaîne. La légende rejoint l?histoire et raconte qu?un homme saint baguenaudait au même moment dans les ruelles étroites de La Casbah, en tenant sa longue jebba blanche et criait : «Alger va être attaquée, mais nous sortirons vainqueurs. Ne craignez rien chers habitants.» Le wali dit Dada, enterré actuellement à Sidi Abderrahamane, frappa d?un coup de canne la flotte des coalisés, les vagues se soulevèrent, son compagnon le wali Sidi Bougdour, enterré à La Casbah, tint deux marmites qu?il écrasa entre ses mains froissées, les amarres alors se rompaient, les bateaux se heurtaient et coulaient. C?était une terrible tempête. D?ailleurs, l?on dit que plus de la moitié des deux tiers des navires a coulé, une véritable catastrophe ! Les troupes étrangères se sont repliées battues et profondément déçues. Un écrivain anglais rapporte que Charles-Quint, voyant les carcasses des bateaux de son armée flotter sur l?océan, aurait pris au large d?Alger sa couronne et l?aurait jetée en mer en lançant : «Je ne suis pas digne d?être un empereur, j?ai été battu par un gamin.» Le gamin dont il parlait n?était que Hassan, un Casbadji pur, âgé de 24 ans, le beau-fils de Khayr al-Din et l?enfant de sa femme berbère originaire du royaume de Coucou.