Solution La greffe de la cornée, pour traiter la cécité, est très possible et très facile, selon le professeur Ailem. «C?est une technique qui existait avant en Algérie, mais qui a malheureusement été suspendue pour des raisons de vide juridique. Pourtant, elle ne demande pas d?énormes moyens financiers», déclare le professeur. Les cécités d?origine cornéenne nécessitent une greffe de la cornée pour le traitement. Mais ce problème de greffe reste posé en Algérie depuis 1985. «Avant 1985, il n?y avait pas de loi qui régissait le domaine du prélèvement des globes oculaires des cadavres», mais «après 1985, une autre loi est venue avec certaines contraintes qui ont rendu cette intervention des plus aléatoires en Algérie», ajoute-t-il. Pour pouvoir prélever un globe oculaire, une cornée, il faut le faire dans les 12 premières heures qui suivent le décès. Après avoir eu l?accord des parents. «C?est difficile de les convaincre d?enlever une cornée à leur défunt pour la donner à quelqu?un d?autre dans un délai aussi court», dit-il encore. L?interlocuteur précise que dans les pays développés, la loi considère le mort comme consentant si, de son vivant, il n?a pas émis le v?u de ne pas lui enlever un organe. «Notre v?u est que cette loi soit revue en Algérie. Le consentement du défunt doit être considéré comme acquis si, de son vivant, il n?a pas émis le v?u, auprès d?organismes et institutions à définir, qu?on ne doit pas lui prélever des tissus ou des organes.» Afin d?éviter les risques de trafic d?organes, le professeur propose de limiter cette pratique à des personnes et des hôpitaux bien déterminés. Par ailleurs, il est à signaler qu?entre 1962 et 1977, la greffe de la cornée se faisait facilement en Algérie et le plus normalement grâce à une autorisation ministérielle de prélever des globes pour des greffes de la cornée. Depuis, très peu d?interventions ont été faites. A l?indépendance, le service d?ophtalmologie fonctionnait toujours avec la législation coloniale, mais qui ne touchait pas la souveraineté du pays. Après cette période, il y a eu un grand vide juridique dans le domaine des greffes après l?abolition de la législation héritée de la colonisation. Ensuite, une autorisation spéciale a été accordée à l?équipe du Pr Aouchiche de prélever des cornées, selon notre interlocuteur. 20 ans après, nous voyons toujours certains de ces malades complètement guéris. Mais de 1985 à ce jour, il y a eu une vingtaine d?interventions seulement. «De mon point de vue, le problème est d?ordre législatif et réglementaire. Le cadre législatif actuel est incapable de répondre à la demande», ajoute le Pr Ailem. Mais il faut dire qu?il n?y a pas que le vide juridique comme obstacle. Il y a également un problème de mentalités. Actuellement, il est, en effet, très difficile et compliqué de convaincre une famille d?accepter le fait qu?il soit prélevé un ?il à leur défunt. «On peut agir progressivement sans heurter les sensibilités des gens liées à notre culture et aux façons de voir les choses», explique-t-il. Des promotions entières d?ophtalmologistes ont été formées sans avoir vu une greffe réalisée. Une situation qualifiée de dramatique par le professeur.