Comparaison n Dans les pays développés, les greffes sont normalisées et le défunt est considéré comme consentant si, de son vivant, il n'a pas émis d'avis contraire. Chez nous, le défunt est considéré comme non consentant. Le Pr Ailem plaide pour que la loi sanitaire de 1985, modifiée en 1990, soit revue et actualisée. «dans la loi sanitaire de 1985, un article était réservé au prélèvement et à la greffe de tissus et d'organes à partir de cadavres. Cette loi, dans son ensemble, permet le prélèvement et la greffe, mais à des conditions particulières. Dans la pratique, seules quelques greffes ont pu être réalisées en application du dispositif législatif et réglementaire issu de cette loi», souligne notre interlocuteur qui nous a rappelé le parcours de la réglementation actuelle en matière de prélèvement et de greffe de tissus, de cellules ou d'organes. «L'Algérie est passée par deux étapes. Avant 1985, il y avait un certain vide juridique, mais une décision ministérielle avait permis dans les années 1970 au service d'ophtalmologie de l'hôpital Mustapha de procéder au prélèvement et à la greffe de la cornée.» Le Pr Ailem considère fondamental l'amendement de l'article 167 de la loi sanitaire «et rédiger cette loi de telle sorte qu'elle considère comme consentant tout défunt qui, de son vivant, n'a pas émis d'avis contraire auprès d'organismes ou d'institutions déterminées par voie réglementaire». Les ophtalmologistes algériens avaient été, selon lui, parmi les premiers médecins à souhaiter que soit comblé le vide législatif existant dans ce domaine et d'ajouter : «dans tous les pays du monde, les lois concernant les prélèvements et les greffes de tissus et d'organes sont à peu près identiques. Sauf que dans les pays développés, les greffes sont normalisées et le défunt est considéré comme consentant si de son vivant, il n'a pas émis d'avis contraire. Chez nous, le défunt est d'office considéré comme non consentant», a-t-il ajouté, rappelant que le prélèvement et la greffe de la cornée doivent se faire environ 12 heures seulement après le décès. M. Ailem ne nie pas que c'est très compliqué, voire dur, de demander à la famille du défunt le prélèvement d'un organe de la dépouille. «comment voulez-vous, socialement parlant, demander à quelqu'un qui vient de perdre un proche, l'autorisation de prélever la cornée à des fins thérapeutiques pour donner la vue à quelqu'un d'autre ? La douleur est encore très forte pendant les heures qui suivent le décès si bien que telle que rédigée, la loi est inapplicable sur le terrain, car la greffe de la cornée fait appel à un prélèvement de ce tissu à partir d'un décès constaté médicalement sur un cadavre humain et on ne peut pas demander à la famille l'autorisation de prélever un organe du cadavre quelques heures après l'annonce du décès», a-t-il expliqué. C'est l'une des raisons qui pousse, selon lui, à la création d'une banque des yeux ou «banque de cornées» .