Mot d?ordre «Non au bradage de la briqueterie d'El-Achour», tel est le slogan qui a accueilli, hier, les nombreux travailleurs venus soutenir leurs collègues en grève depuis le 9 février. Comme annoncé dans notre édition de jeudi, un sit-in a été organisé, mercredi, par la section syndicale locale, assistée à l'occasion par l'union locale de l'Ugta, pour «dénoncer ce bradage». «Les autorités ont décidé de vendre cette entreprise publique à un opérateur privé, au mois de novembre. En février, lorsqu'il est venu s'installer, nous l'avons chassé», explique un syndicaliste. Depuis, «la direction générale a bloqué les comptes et nous, nous sommes en grève». Les travailleurs refusent de céder. L?un d?eux déclare : «L'opérateur privé a acheté l'entreprise pour 37 milliards. Selon l'accord qu'il a conclu avec l'administration, il doit payer 5 milliards de centimes et le reste s'échelonnera sur 20 ans. Or, l'entreprise vaut beaucoup plus que ça.» Le syndicaliste énumère les biens de l'entreprise : «L'assiette de terrain, composée de plusieurs hectares, est évaluée à 200 milliards ; la matière première en stock est évaluée à 2 milliards de centimes ; ajoutez les engins évalués à 2 milliards, sans parler de la somme qui était dans les caisses lorsque les autorités ont bloqué les comptes.» «Alors, comment évalue-t-on une entreprise ?», se demande le syndicaliste. Son collègue M. Benbakou, secrétaire général du syndicat Eprc, abonde dans le même sens, mais en posant le problème autrement : «Les autorités veulent vendre cette entreprise ? OK. Nous demandons que l'Etat nous la cède conformément au décret présidentiel 01-04, qui donne la priorité aux travailleurs en cas de mise en vente d'une entreprise.» Et d?ajouter : «Si l'opérateur privé rembourse ses dettes en vingt ans, nous, nous demandons un délai de cinq ans seulement.» Ces 150 pères de famille démontrent leur détermination à relever coûte que coûte le défi, pour peu que les pouvoirs publics leur fassent confiance. Pourquoi n'ont-ils pas montré cette détermination auparavant ? «C'est faux, ce que raconte l'administration sur notre compte», répondra le syndicaliste. «Notre briqueterie n'a jamais été déficitaire. Elle a toujours été rentable, chiffres à l'appui.» Et d'ajouter : «Comment voulez-vous qu'une entreprise qui fait un chiffre d'affaires de 100 millions de dinars/jour soit déficitaire ?» Ont suivi de nombreuses interventions de représentants syndicaux d'autres secteurs venus nombreux apporter leur soutien. Une déclaration finale a clos le sit-in, qui s'était tenu dans un large esprit de concertation. «Nous rejetons dans le fond et dans la forme la procédure et la manière dont a été cédée l?unité El-Achour Eprc, sans l?avis des travailleurs et du partenaire social», ont, entre autres, écrit les travailleurs.