Cette privatisation contredit les accords conclus entre le gouvernement et la Centrale. Une journée de protestation a été organisée hier par les 163 travailleurs de la briqueterie d'El Achour à l'intérieur même de leur entreprise. A cette occasion, des banderoles ont été accrochées sur les murs des hangars et sur lesquelles étaient écrits «Non à la concurrence déloyal» et «Non à l'économie de bazar»...Les travailleurs en colère en veulent au gouvernement pour avoir décidé de privatiser leur entreprise au dinar symbolique, alors que cette dernière n'est pas déficitaire. Cette journée a été marquée par la présence de deux dirigeants de la Centrale syndicale, en l'occurrence le responsable du département des affaires économiques et études Badreddine Mohamed Lakhdar, et Salah Djnouhat, le chargé de l'organique ainsi que le secrétaire général de la fédération Ugta des matériaux de construction. A cette occasion, et en dépit du soleil qui était à son zénith, une scène a été improvisée au fond de l'enceinte de l'entreprise sur laquelle se sont succédé les orateurs. Le secrétaire général de la fédération, prenant la parole, n'a pas hésité à tirer à boulets rouges sur le gouvernement qui n'a cessé ces dernières années de brader au dinar symbolique les entreprises alors que leur viabilité ne fait de doute pour personne. Il rappelle aux présents, venus nombreux soutenir leurs camarades de la cimenterie, le processus avec lequel a été privatisé le secteur de la cimenterie au mépris des règles de la commercialité et de l'économie de marché. De même, qu'il a signalé que les entreprises du groupe Est et Ouest, fonctionnent actuellement à 20 % de leurs capacités. Pis, les travailleurs de ces entreprises n'ont pas été payés depuis 18 mois. Lui succédant, le responsable du département des affaires économiques, connu pour son franc-parler et ses sorties intempestives, a expliqué à l'assistance que l'Ugta apporte son soutien aux travailleurs. Dans ce contexte, il ajoute qu'«il faut défendre nos entreprises, car nous sommes tous concernés». Cela, avant de faire allusion au processus de privatisation enclenché par le gouvernement sans prendre en considération les entreprises performantes. Selon lui, le gouvernement aurait dû étudier la situation des entreprises au cas par cas en évitant aux sociétés rentables d'être cédées au dinar symbolique. De son côté, le secrétaire général du groupe Centre des produits rouges (comptant 17 unités), Benbakou Abdelkader, nous a informé que l'entreprise en question intéresse le fils d'un ancien haut responsable du pays. Selon cette source, cet homme aurait même rendu visite aux travailleurs, la veille, lundi. Notre interlocuteur précise que le bradage s'est fait d'une façon informelle sans que les travailleurs en aient été informés. Il fait étalage, à ce propos, de son amertume du fait que la cession ne se soit pas faite au profit des travailleurs puisque ce sont eux qui ont bâti cette usine et lui ont donné ses lettres de noblesse, y perdant sang, sueur, larmes et santé. Elle leur revient de droit donc. Par ailleurs, notre interlocuteur nous a informé que de nombreux travailleurs des autres secteurs ont apporté leur soutien aux protestataires. Le chiffre d'affaires annuel de cette entreprise est de 18 milliards de centimes. Cette privatisation contredit les accords récemment conclus entre le gouvernement et l'Ugta. L'actuelle mesure risque même de faire capoter le dialogue social et la tenue de la bipartite. Les fonds de participation de l'Etat ont, en effet, été placés sous la direction directe du Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia et Hamid Temmar, relevé de ses fonctions. Il avait été décidé qu'aucune privatisation ne se ferait sans l'accord du partenaire social à l'échelle locale. En cas de litige, l'arbitrage devait automatiquement revenir à Ouyahia lui-même. Il est doublement interpellé dans cette affaire. A suivre, forcément...