Citation «La mort d?autrefois était une tragédie, souvent comique, où l?on jouait à celui qui va mourir. La mort d?aujourd?hui est une comédie toujours dramatique où l?on joue à celui qui ne sait pas qu?il va mourir», dixit le philosophe Ariès. Les données épidémiologiques sont édifiantes. L?Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce 300 millions de diabétiques en 2025. Le diabète sucré, par sa fréquence, ses risques de complications et son coût, représente un problème de santé publique mondial. Le diabète sucré est un facteur majeur des maladies cardiovasculaires, c?est un tueur sournois, contrairement à l?hypertension artérielle. Le diabète sucré était vécu comme une véritable fatalité par le malade à qui l?on annonce le diagnostic, se sachant condamné. Cette tragédie, qui marque le pas de la mort, accompagne le diabétique durant toute sa vie. Les progrès thérapeutiques et l?éducation font qu?aujourd?hui le patient fait semblant qu?il ne sait pas qu?il va mourir, il se bat pour survivre. Quelle est la différence entre le premier fataliste et le second réaliste ? C?est l?éducation. L?éducation est un moyen thérapeutique non médicamenteux, fondamental qui permet de développer la participation active ou la responsabilisation du patient afin d?obtenir l?observance du régime, de la prise médicamenteuse, du suivi et du contrôle. En effet, il est bien qu?un diabétique accepte sa maladie et se fasse régulièrement suivre et conseiller par les thérapeutes, mais il est encore mieux et plus important de se munir d?attitudes préventives lui permettant de limiter ou de retarder les différentes conséquences du diabète. La peur de devenir aveugle, d?être amputé ou d?arriver à l?hémodialyse, est accompagnée d?une souffrance intérieure et d?angoisse. Depuis quelque temps, on s?intéresse à l?aspect psychosocial de la maladie. La famille, les associations, les praticiens jouent un rôle dans la prise en charge d?un patient diabétique. Il faut mentionner une des grandes études des laboratoires Novo Nordisk dont l?objectif était de déterminer les souhaits, les besoins et les attitudes des professionnels de la santé et des patients, même si le quotidien des diabétiques du continent africain n?a pas été abordé. Parmi les conclusions de l?étude, le diabétique est angoissé, a peur de l?aggravation de sa maladie et vit le passage à l?insuline de manière très négative et lorsque l?on pose la question aux sujets âgés, pour beaucoup, l?insuline est un pas vers la mort. L?éducation consiste à permettre aux patients d?améliorer leur qualité de vie, comprise au sens large du terme, en utilisant les moyens thérapeutiques disponibles pour obtenir un bon contrôle glycémique (prévention primaire) et aussi prévenir les complications chroniques du diabète (prévention secondaire) et les conséquences contre les complications déjà présentes (prévention tertiaire). Cependant, il n?est surtout pas recommandé aux médecins spécialistes de dispenser à leurs patients une éducation trop théorique. Car toute tentative de ce genre d?enseignement est, à coup sûr, vouée à l?échec. Il est à cet effet préférable de tenir compte de chaque «variante diabétique». Pour parvenir à bout de cette tâche didactique, il est clair que les médecins traitants, hormis les spécialistes, aient, eux aussi, une connaissance pratique du diabète et des infections qui pourraient en découler, d?où la nécessité de mettre en place une formation des équipes soignantes spécialisées dans le suivi des patients pour répondre à leurs attentes et être à leur écoute.