Stupéfiants Le code de la santé prévoit de lourdes peines dans le cas de trafic ou d?usage de drogue. Samir N. et Adlane Y. comptent beaucoup sur la magnanimité de Hallit, le juge, qui a bien présidé le rôle du jour... Samir et Adlane ont, peut-être, joué les bons jokers en désignant Mes Abdassalam Zaïdi et Slimène comme défenseurs car inculpés de trafic de drogue. Le juge a des jours où il est abordable et des jours, aïe, aïe, aïe. Samir jure qu'il avait fumé des joints, mais, depuis, niet. Le juge le somme de cesser d'évoquer le nom d'Allah dans ce dossier. Adlane, lui, donne une version qui produit un effet surprenant dans la salle d'audience où le plus gros de l'assistance commence à saisir les us et coutumes des tribunaux. Tant mieux. En effet, le détenu prétend qu'à leur arrivée, les policiers lui ont ordonné de ne pas bouger, d'avoir parcouru quelques mètres et ramassé la came. Le président de la section pénale du tribunal de Hussein Dey (Cour d'Alger) lève la tête en direction de Moulay Ali, le représentant du ministère public, qui a requis, les yeux baissés, une peine de prison ferme de un an outre deux mille dinars d'amende ferme. Les deux avocats qui ont, semble-t-il, adopté une stratégie de défense bien élaborée, ont plaidé tour à tour le repentir, I'erreur de la police, l'absence totale de preuves, les incohérences de l'instruction. «Mon client Adlane a nié. Il nie aujourd'hui et nous avec», a murmuré Me Zaïdi avant qu'il ne hausse le ton en insistant sur l'absence manifeste de la base de l'inculpation. «Nous attendons avec impatience la relaxe car c'est le seul verdict acceptable», a conclu l'avocat. Son confrère, Me Slimène rappelle que certes, son client a écopé de deux ans ferme en 1998, mais que depuis il s'est casé, s'est tapi, rase les murs car repenti : «Il n'a plus aucune raison de recommencer l'enfer de la détention. Il y a doute dans cette affaire», a dit le conseil qui a réclamé la relaxe car le port du bonnet, du trafic de drogue est inexistant. Le magistrat prend soin de respecter les procédures d'usage, permet aux deux prévenus de dire le traditionnel dernier mot avant de prononcer le verdict. Les deux détenus écopent respectivement d'une peine de prison ferme de six mois. Le doute a été balayé. Le tribunal a jugé sur les faits. Avec la drogue, certains magistrats n?y vont pas avec le dos de la cuillère. Il est vrai que dans certains pays, I'usage de stups est dépénalisé, mais point la commercialisation à outrance, celle qui peut mettre une société à genoux, à plat ventre dans certains cas.