Cette maladie moyenâgeuse prolifère dans les milieux défavorisés, car elle est alimentée par la pauvreté. Elle revient avec force en Algérie interpellant les pouvoirs publics. «Les objectifs que nous nous sommes fixés dans le cadre du programme de la lutte contre la tuberculose n?ont pas été atteints. Nous sommes tristes d?annoncer aujourd?hui un tel constat.» C?est ce qu?a affirmé, hier, lors d?une conférence de presse animée au ministère de la Santé et de la Population, le docteur Nafti. «La tuberculose est la meilleure indication socio-économique d?un pays. L?Algérie compte 30 % d?illettrés alors que 25 % des citoyens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Cette situation est favorable à l?émergence et à la propagation de la tuberculose. C?est une maladie de la pauvreté», précise-t-il, avant d?expliquer que la situation sécuritaire qu?a connue le pays a poussé de nombreuses familles campagnardes à l?exode pour s?installer dans des bidonvilles. «Ces habitations sont des sources d?infections et de maladies. Il faut alors améliorer les conditions de vie pour combattre la maladie.» Actuellement, le pays compte 20 000 tuberculeux avec un taux d?incidence national de 27 cas pour 100 000 habitants. Les régions les plus touchées sont celles de l?ouest du pays, notamment Oran, Tlemcen, Saïda, Relizane?, avec un taux d?incidence de 39,5 cas pour 100 000 habitants. «Dans ces régions, l?on enregistre un déficit chronique dans la prise en charge. Celle-ci est également désorganisée», a indiqué le docteur Nafti en précisant que les localités du Sud restent les moins touchées. Par ailleurs, l?intervenant énumérera d?autres difficultés rencontrées. «Depuis trois mois, nous nous confrontons à une pénurie d?un médicament antituberculeux produit par Saïdal. Les pharmacies des hôpitaux sont en rupture de stock. Ce n?est pas normal ! Nous devons au moins être approvisionnés en médicament pour 6 ou 12 autres mois pour maîtriser la situation et avancer. Arrêter un traitement après l?avoir entamé peut entraîner une résistance qui causera des maladies chroniques incurables. C?est le fruit de la mauvaise gestion !» s?indigne-t-il. Prenant la parole, le docteur El-Hadj a tenu à dire que le traitement n?est pas cher. Les médicaments d?un tuberculeux soigné pendant quatre mois reviendraient à 2 000 DA. «Nous avons les moyens d?acheter les médicaments, le problème se pose ailleurs. Pourquoi cette pénurie ?» s?est-il interrogé en ajoutant que toute commande de médicaments faite auprès des pharmacies serait prise en charge entre trois et six mois, ce qui entrave la lutte. «Le traitement d?un tuberculeux s?étale actuellement sur 18 mois alors qu?il devrait se faire sur six mois tel que le recommande l?Organisation mondiale de la santé». Et de préciser que présentement le nombre des cas de tuberculose pulmonaire à microscopie positive, plus contagieuse, n?a pas augmenté.