Elle fait partie des maladies dites de la pauvreté, et on estimait l'avoir définitivement éradiquée dans notre pays. Mais le fait est là, cette infection continue à se propager. On parle même de l'aggravation de l'épidémie au fil des années. En dépit de l'absence d'enquête dans ce domaine, il ressort que le nombre de nouveaux cas a augmenté de 20% ces dix dernières années. Les statistiques font paraître que plus de 25 000 Algériens sont atteints de cette infection qui trouve un terrain favorable dans l'insalubrité urbaine, celle-ci étant considérée comme le facteur principal de propagation de la tuberculose, sur la base des chiffres qui indiquent que 70% des cas se déclarent dans les régions insalubres, surtout dans les quartiers précaires. A l'origine de la survenance de cette infection en milieu urbain, la dégradation du cadre de vie et le non-respect de l'hygiène. La disparition des espaces verts au profit d'une extension anarchique des zones urbaines, la promiscuité dans des espaces de plus en plus restreints et la prolifération des décharges sauvages participent fortement à la propagation de la tuberculose, tandis que la prise en charge médicale de cette dernière est à revoir. Il va sans dire que l'indisponibilité des médicaments et l'absence de centres spécialisés dans la prise en charge et le suivi des malades atteints de tuberculose constituent des facteurs d'aggravation de l'épidémie. D'ailleurs, les spécialistes n'hésitent pas à affirmer que les autorités sanitaires ont un rôle dans la résurgence de cette infection après son éradication, mais il ne faut pas occulter le rôle des municipalités et de l'ensemble des pouvoirs publics qui est d'assainir l'environnement du citoyen et d'améliorer son cadre de vie afin de préserver sa santé. La responsabilité du citoyen est également à relever, lui qui dégrade le milieu dans lequel il vit en transformant sa cité en bidonville et en un immense dépotoir. La déliquescence des autorités est telle que ces pratiques sont courantes partout dans le pays et que bien des maladies trouvent ainsi un nid d'incubation propice dans nos villes «bidonvillisées». Afin de lutter contre la tuberculose et sa propagation, notre pays a mis en œuvre une stratégie basée sur le dépistage et des traitements qui visent à faire baisser la mortalité à 50% à l'horizon 2015, mais il n'existe pas d'informations sur les résultats éventuellement obtenus de l'application de cette politique sur le terrain. Il reste seulement connu que la tuberculose, qui n'aurait jamais dû réapparaître chez nous, se propage, encouragée par la précarité. R. M.