Douleur Des milliers de personnes sont descendues dans la rue, samedi matin, criant vengeance. Des manifestations ont eu lieu ce samedi matin sur le site de l'attentat à la voiture piégée qui a secoué Najaf la veille et à Bassorah, plus au sud, pour «jurer vengeance» après la mort de l'ayatollah Mohammad Baqer Hakim, chef du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (Csrii). Plusieurs milliers de personnes ont commencé à manifester autour de la mosquée de l'imam Ali, le lieu le plus saint de l'islam chiite. Brandissant des portraits du chef politique disparu, les manifestants se sont frappé la poitrine en criant : «Dieu est Grand, ô Hussein, notre chef Hakim est parti» ; «Nous jurons sur Hussein de nous venger de la mort de Hakim» ; «Non, non à l'Amérique». Ils portaient une banderole où on pouvait lire : «Le peuple d'Irak promet de punir les criminels et tous ceux qui veulent attaquer les Marjaa (références religieuses), la Hawza (la plus haute instance religieuse) et l'honorable Najaf.» Dans la grande cité méridionale de Bassorah, plus au sud, quelque 5 000 personnes ont défilé dans le centre de la ville jusqu'à la mosquée Al-Ebla, escortées par les forces de police. A la tête des manifestants se trouvaient Salah Al-Batat, responsable du Csrii à Bassorah, et Kassem Al-Joubouri, représentant du parti chiite Al-Dawa. «Il n'y a pas d'autre Dieu que Dieu», «A mort Israël» ou encore «A mort les bassistes», scandaient les manifestants brandissant des drapeaux rouges représentant «le martyr» et des étendards verts, le drapeau de l'islam, et des photos de Hakim. «La responsabilité de la mort de Hakim est celle des Américains et des Britanniques car ils ont négligé sa sécurité», criaient-ils. Au moins 82 personnes, dont l'une des grandes figures du chiisme en Irak, l'ayatollah Mohamed Baqer Hakim, ont été tuées vendredi juste après la prière dans la ville sainte de Najaf, lors de l'explosion d'une voiture piégée, provoquant une énorme émotion dans la région et dans le monde. Cet attentat spectaculaire, qui a fait aussi 229 blessés, constitue un nouveau coup dur pour les Etats-Unis. Il les prive d'un élément modérateur au sein de la communauté chiite irakienne et il démontre, une fois de plus, leur incapacité à restaurer la sécurité. L'ayatollah Hakim, qui était âgé de 64 ans, était ouvertement opposé aux attaques antiaméricaines et accusait leurs auteurs d'être des affidés du président irakien déchu Saddam Hussein. Il prônait la fin de l'occupation par des moyens pacifiques et appelait les fidèles à la patience.