Au moins 45 personnes ont été tuées et plus de 80 autres blessées samedi dans une série d'attentats à la voiture piégée à Bagdhad et à Habbaniyah, dans l'ouest de l'Irak. Par ailleurs, quelque 8.000 chiites ont manifesté dans la ville sainte de Najaf, protestant contre la détention, la veille pendant 12 heures, d'Amar al-Hakim, fils aîné du plus important responsable politique chiite du pays, alors qu'il rentrait d'Iran. L'attentat le plus meurtrier s'est produit à la sortie d'une mosquée sunnite de la ville de Habbaniyah (80km à l'ouest de Bagdhad). L'explosion d'un camion piégé a fait au moins 35 morts et 62 blessés, a annoncé la police. L'explosion a eu lieu après la prière devant cette mosquée, qui est toute proche d'un commissariat. Cet attentat pourrait être lié aux tensions internes croissantes au sein de la communauté sunnite entre insurgés et ceux qui s'opposent à eux. L'imam de cette mosquée avait dénoncé les rebelles combattant le gouvernement soutenu par les Etats-Unis, dont le mouvement Al-Qaïda en Irak. Habbaniyah, à mi-chemin entre les villes de Ramadi et Falloujah, se trouve au coeur du bastion de l'insurrection sunnite, la province d'Anbar. A Bagdhad, un attentat-suicide à la voiture piégée a fait au moins cinq morts, dont un soldat irakien, et sept blessés non loin du siège du principal parti chiite du pays, a annoncé la police. L'explosion a eu lieu dans le quartier de Jadriyah, à 200 mètres environ du siège du Conseil suprême pour la révolution islamique en Irak (CSRII), très protégé. Proche de l'Iran, le CSRII est le premier parti au Parlement de 275 membres. Il est dirigé par Abdul-Aziz al-Hakim, dont le fils Amar, 35 ans, a été détenu vendredi par les forces américaines. Cette arrestation, pour laquelle les Américains ont présenté des excuses, a déclenché la colère des chiites et de leurs responsables. Quelque 8.000 chiites ont manifesté dans la ville sainte de Najaf (160km au sud de Bagdhad) contre cette détention. Un incident qualifié de "malencontreux" par l'armée américaine et qui a donné lieu à des excuses de l'ambassadeur en Irak Zalmay Khalilzad. "La question n'est pas de présenter des excuses. Nous avons besoin de mesures claires et honnêtes pour empêcher que de tels incidents se reproduisent", a déclaré Amar al-Hakim lors d'une conférence de presse à Najaf. Cette arrestation du fils d'Abdul-Aziz al-Hakim risque de déclencher la colère des dirigeants chiites à l'heure où leur coopération est précieuse pour Washington. Certains y ont même immédiatement vu un avertissement voilé de la part des Américains contre les liens trop étroits entre les politiques chiites et l'Iran voisin, accusé d'entretenir la violence et de soutenir les milices chiites. On a également manifesté dans les rues de Sadr City, principal secteur chiite de Bagdhad, ainsi qu'à Kerbala et Bassorah. Toujours samedi, au moins cinq civils ont été tués et une dizaine d'autres blessés dans une série d'explosions à la voiture piégée dans Bagdhad qui visaient apparemment les forces de sécurité, a annoncé la police. Dans le centre de la capitale irakienne, l'explosion d'une bombe à bord d'un minibus a tué un passager et en a blessé cinq. Dans un quartier majoritairement sunnite de l'ouest de la ville, l'explosion d'une voiture piégée a endommagé un Humvee d'une patrouille irako-américaine, tuant deux civils. Dans un quartier commercial du centre, une autre voiture piégée a tué deux autres civils et en a blessé cinq, manquant sa cible apparente, une patrouille de la police. Par ailleurs, dans le secteur de Machhadah, près de Tarmiyah, au nord de Bagdhad, des commandos de l'armée irakienne, appuyés par des hélicoptères américains, ont attaqué une base de la rébellion sunnite. Un responsable local a fait état de victimes civiles. Des dizaines de membres présumés de l'Armée islamique en Irak ont été tués lors des échanges de tirs qui ont duré environ deux heures. Par ailleurs, deux roquettes ont tué au moins dix personnes dimanche dans un quartier chiite enclavé dans le sud de Bagdhad, et deux autres personnes ont trouvé la mort dans une autre explosion près de la Zone verte sécurisée de la capitale, a annoncé la police. Les roquettes sont tombées sur Abou Dichir, un quartier chiite entouré de zones habitées par des sunnites, dimanche matin en pleine heure de pointe. Cette attaque a eu lieu après des échanges de tirs d'artillerie et de mortiers entre l'armée américaine et des insurgés sunnites dans le sud de la capitale. Une vaste opération de sécurité a été lancée ces derniers jours dans ce secteur. Plus tôt, une bombe avait explosé à l'entrée de la Zone verte, la zone sécurisée qui abrite les principales administrations irakiennes et les ambassades étrangères, tuant deux personnes. L'explosion a eu lieu à 100m de l'ambassade iranienne, mais les autorités ne pensaient pas que le bâtiment était visé.