Verdict «Ils sont malades. Il faut les soigner», lance en riant un vieux malade à l?hôpital Mustapha, montrant du doigt les infirmiers. Il enchaîne : «Je suis hospitalisé depuis vingt jours. Chaque jour, les infirmières sont en conclave dans les cabines de garde. Seule la blouse les distingue des malades.» Même s?il a le sourire plaisantin, le vieux ne manque pas de protester contre les «négligences». Il faut dire que les infirmiers ont une mauvaise réputation qui se vérifie au quotidien : mauvais accueil, négligence et même parfois agressivité du langage vis-à-vis du malade. Hocine ne décolère pas, son fils de 14 mois est hospitalisé au service de pédiatrie de l?hôpital Mustapha. «Ils sont impossibles. Pour faire une injection, ma femme a presque supplié les infirmières, alors qu'elles sont assises à discuter entre elles négligeant le malade et sa maman. Lorsque je suis arrivé tout à l'heure, j?ai gelé avant qu'une infirmière vienne pour l'injection.» dit-il en précisant : «C'est l'anarchie, je ne comprends pas comment on peut délaisser des malades, notamment les enfants.» Il indique, en outre, que «certains infirmiers travaillent pour les professeurs dans leurs cabinets privés». Et d?argumenter : «J'ai ramené mon fils en urgence pour déshydratation. D'abord, il m'a fallu une intervention pour l'hospitaliser. En outre, un infirmier m'a suggéré de faire une analyse chez un privé. Celle-ci coûte 11 millions de centimes. Or son coût réel ne dépasse pas les 400 DA.» «Ils profitent de l'ignorance des gens. La plupart viennent de l'intérieur du pays. On leur fait croire que leurs enfants risquent de mourir s'ils ne font pas telle ou telle analyse. Les parents, affolés, acceptent leurs conditions. Ce sont les infirmiers qui jouent le rôle d?intermédiaires dans ces transactions douteuses.» Contrairement à Hocine, des parents, accompagnant leurs enfants hospitalisés ? des femmes pour la plupart ? se disent satisfaits du travail des infirmiers. «Ils nous accueillent bien. Nous ne manquons de rien», affirme une femme de Médéa. Un jeune homme, venu rendre visite à sa petite s?ur, déclare : «Ma s?ur est très contente des infirmiers. Elle les connaît, chacun par son nom. Elle s'amuse avec eux, ils la chouchoutent.» La débandade est dans le secteur des urgences. Souvent, les accompagnateurs du malade ou du blessé s'insurgent contre la lenteur des infirmiers pour faire une injection, un pansement? «Ce n'est pas possible, crie un jeune homme, ils attendent qu'ils meurent pour intervenir. Le médecin l'a examiné et lui a donné l'ordonnance, il faut lui faire l'injection tout de suite !»