Distinction La 60e édition décernait son premier Lion d'or à Omar Sharif, la star égyptienne de Lawrence d'Arabie et Docteur Jivago, «symbole arabe de Hollywood, mais aussi ambassadeur d'un monde arabe. «C'est une reconnaissance à un acteur arabe de la part d'une Mostra occidentale et un geste de paix à un moment où nous en avons bien besoin», a souligné le directeur en annonçant ce prix, remis vendredi soir au palais du cinéma du Lido, avant la projection hors compétition de Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran du Français François Dupeyron. Omar Sharif, le gentleman séducteur, à l'?il de velours, au sourire charmeur et à l'élégance impeccable, qui a partagé l'affiche avec Barbara Streisand dans Funny girl, a revêtu, à 72 ans, la blouse grise d'un vieil «épicier arabe» dans Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran. L'acteur, né Michel Shalhoub à Alexandrie, dans une famille de commerçants fortunés d'origine libanaise et syrienne, incarne un vieux sage soufi qui observe le monde avec philosophie derrière ses rayons de boîtes de conserves, dans un quartier populaire de Paris dans les années 60. Il va se lier avec Moïse (Pierre Boulanger), dit Momo, un adolescent juif, mal aimé par son père, dont il va devenir le mentor et le père adoptif. «C'est un film de tolérance et d'amour. c'est ce qui m'a poussé à revenir à l'écran», a précisé l'acteur et flambeur professionnel qui a plus fréquenté les tapis verts et les tables de bridge et de back-gammon que les plateaux de tournage ces dernières années. (Ironie du sort, le centre de presse du festival où se tiennent les conférences est installé dans le casino du Lido). «C'est vrai, j'avais perdu l'enthousiasme pour le cinéma», a reconnu Omar Sharif, qui a débuté il y a 50 ans grâce à son compatriote Youssef Chahine dans Le ciel et l'enfer. Et puis j'ai aimé le message du film (écrit par Eric-Emmanuel Schmitt, qui était présent aux côtés de François Dupeyron) et j'ai pensé que c'était le moment de m'impliquer car il montre que l'on peut s'aimer même si on appartient à des races et à des religions différentes». L'acteur, surnommé «Le Lion d'Arabie» par la presse italienne, a connu la popularité lorsque David Lean l'a engagé pour le rôle d'Ali dans Lawrence d'Arabie, qui lui a valu une nomination à l'Oscar.