Après l'acceptation par Khartoum du déploiement d'une force ONU-UA au Darfour, la France de Sarkozy s'invite dans les affaires africaines en réunissant, aujourd'hui à Paris, une conférence ministérielle internationale pour donner un coup d'accélérateur au processus afro-onusien en cours dans cette province du Soudan. La France espère d'abord un consensus politique le plus large possible pour mettre en œuvre la force hybride ONU-UA, qui a fait l'objet d'un accord, et accélérer le calendrier lors de cette rencontre à laquelle participeront la Chine, les Etats-Unis et d'autres partenaires, qui n'ont pas toujours la même approche, a observé, la veille de la conférence ministérielle, le porte-parole du Quai d'Orsay, Jean-Baptiste Mattei. Cette réunion annoncée par Sarkozy lors du dernier sommet du G8 en Allemagne intervient, en effet, à un moment-clé dans la crise : après l'acceptation par Khartoum du principe et des modalités de déploiement d'une force de maintien de la paix hybride pour remplacer les 7 000 soldats africains. La France, qui a toujours des intérêts en Afrique et, particulièrement, dans le voisinage du Soudan, souhaite que cette force hybride puisse se mettre en place dans un calendrier assez rapproché, d'ici la fin de cette année ou le début de l'année prochaine. Paris a, d'ores et déjà, commencé à travailler avec N'djamena pour sécuriser les camps de déplacés du Darfour dans l'est du Tchad. Kouchner, l'ex-french doctor, ministre des Affaires étrangères français, s'est récemment rendu au Soudan pour s'entendre dire que la France devait se contenter d'observer la légalité internationale. La conférence est tout de même une victoire pour le nouveau locataire de l'Elysée puisqu'elle réunit le SG de l'ONU, Ban Ki-moon, le représentant de la politique étrangère de l'UE, Javier Solana, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, des vice-ministres russe et chinois des Affaires étrangères, Alexandre Yakovenko et Yesui Zhang, dont la présence est jugée importante, alors que Pékin a été pressé d'user de son influence sur Khartoum. L'Egypte et le Japon sont également représentés, tout comme la Ligue arabe, l'Organisation de la Conférence islamique, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. L'Union africaine, qui n'a jamais participé à des réunions du Groupe de contact, reste fidèle à sa ligne de conduite, et cette rencontre se déroule sans la présence du Soudan et des pays africains directement concernés par la crise du Darfour. Quatre organisations non gouvernementales françaises : Amnesty International France, le Comité catholique contre la faim et pour le développement, la Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme et le Secours catholique Caritas ont demandé que la réunion débouche sur des engagements concrets sur la protection des civils, le déploiement de la force de paix hybride et la reprise du processus de paix, tout en déplorant l'absence regrettable de l'Union africaine. À ceux qui voient dans l'initiative de Sarkozy une tentative de substitution à l'UA, le porte-parole du Quai d'Orsay a répliqué que cette réunion va se faire en très étroite liaison avec celle-ci. D. B.