Le premier sommet extraordinaire de l'UA s'est ouvert hier à Addis-Abeba. Une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement africains étaient présents, hier, dans la capitale éthiopienne à l'ouverture du premier sommet extraordinaire de l'Union africaine (UA) qui a pris la relève, l'an dernier, de l'OUA (Organisation de l'unité africaine). Le Président Bouteflika conduisait la délégation algérienne. En fait, un seul point était à l'ordre du jour de ce sommet : la mise en place du Conseil de paix et de sécurité, qui remplace l'ancien mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits. Au regard des crises multiformes qui secouent le continent, un tel organisme est d'une nécessité vitale pour l'Afrique, et son fonctionnement qualitatif demeure tributaire de l'adhésion de l'ensemble des Etats africains à son établissement. En marge de ce point précis, le Comité ministériel ad hoc a examiné et adopté une série d'amendements de l'Acte constitutif de l'Union africaine devant préciser les objectifs de l'Union, les prérogatives du président, la composition de la Commission, les principes de l'Union et de ses organes, la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement, le Comité des représentants permanents, les langues officielles de l'Union. L'importance des amendements apportés à l'Acte constitutif est valeur de la volonté des dirigeants africains de doter l'organe continental de tous les atouts propres à lui faire jouer le rôle attendu d'une Union qui se présente (presque) comme un gouvernement multinational africain. Mais en Afrique, le problème récurrent est la gangrène des crises multiformes qui secouent plusieurs pays du continent, avec en sus l'aggravation de la situation en Côte d'Ivoire. Aussi, l'urgence est-elle dès lors l'instauration de ce Conseil de paix et de sécurité (CPS) devant participer à la résolution des crises endémiques qui ont pénalisé gravement le développement, outre des pays concernés eux-mêmes, d'une manière plus générale, l'ensemble du continent qui ne parvient pas à sortir de l'ornière du sous-développement. Dès lors, construire la paix et la stabilité est considérée comme l'urgence de l'heure, comme cela ressort de l'intervention des chefs d'Etat et de gouvernement africains. Ainsi, dans son allocution d'ouverture, le président en exercice de l'Union africaine, le Sud-Africain Thabo Mbeki, affirme d'emblée: «Nous continuons à être confrontés aux défis de la paix et de la stabilité (...), de récents événements ont souligné la nécessité pour nous de mettre en place d'une manière urgente le Conseil de paix et de sécurité, sur lequel nous nous sommes déjà mis d'accord lors du sommet de Durban en juillet dernier.» Le président sud-africain insistera, par ailleurs, sur le fait que «nous devons être capables de mettre en place ce conseil d'ici à la prochaine rencontre à Maputo (Mozambique où se tiendra le sommet de l'UA en juillet prochain)». Il est indéniable que l'organe précédent devant prendre en charge les conflits en Afrique n'a pu, ou n'a pas eu les moyens, d'être à la hauteur des ambitions placées en lui. Aussi, est-il d'ores et déjà attendu du Conseil de paix et de sécurité d'assurer d'emblée ce que le mécanisme de prévention de gestion et de règlement des conflits n'a pu mener à terme. L'Afrique a besoin de paix et de stabilité pour se réaliser, de cela tous les dirigeants africains sont convaincus. Aussi, la communauté africaine se demande-t-elle comment dépasser ces difficultés, certes conjoncturelles, mais qui maintiennent depuis des décennies le continent en marge du développement. Le Conseil de paix et de sécurité sera-t-il en l'occurrence la panacée? Les dirigeants africains, en tout état de cause, y croient mais, encore faut-il que cette espérance soit concrétisée par une volonté réelle de dépasser les (faux) clivages et les incompréhensions qui ont le plus miné l'Afrique et dissuadé sa prise en charge par ses enfants. Intervenant dans le débat, à l'issue de la première session extraordinaire, le président Bouteflika affirme que la construction de l'Union africaine devait se faire «par étapes, avec réalisme et pragmatisme» soulignant que «la mise en application d'un projet aussi complexe et aussi ambitieux» appelle «à un approfondissement et à un développement continu, des adaptations et des ajustements des statuts de l'UA». L'Algérie est le premier pays à avoir ratifié le protocole portant création du Conseil de paix et de sécurité, rappelle-t-on. Les débats se sont poursuivis, hier en soirée, à huis clos, au nouveau Centre de conférence de l'UA inauguré, hier, par les chefs d'Etat et de gouvernement présents à Addis-Abeba.