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Histoires vraies
La 205 rouge (6e partie)
Publié dans Info Soir le 11 - 04 - 2005

Résumé de la 5e partie Les débats se poursuivent et, comme depuis le début du procès, ils tournent très vite à la confusion de la défense.
Venant après lui, un expert révèle qu'une trace de sperme relevée sur les vêtements de Nadine appartenait au groupe AB rhésus positif. Or, ce groupe rare, qui n'est partagé que par 2,8% des Français, est celui de Maurice.
Le dernier mot de cette journée reste pourtant à la défense, qui réclame la fameuse expertise automobile pour laquelle Denis s'est coupé au rasoir. Le président annonce qu'il rendra sa réponse le lendemain. Une chose est certaine, en tout cas : le procès des bandits à la 205 rouge va durer plus longtemps que prévu...
Et, le lendemain, vendredi 2 octobre 1992, jour prévu pour les plaidoiries et le verdict, sensation au tribunal : le président annonce qu'il donne satisfaction à la défense, une expertise automobile aura lieu. Les débats reprendront le lundi suivant avec l'audition de l'expert.
Suite à cette décision, qui a sans doute été prise par le président pour éviter les polémiques et un nouveau renvoi du procès, la question posée est simple. Les trois Gitans ont été vus quittant le campement à 23h 50 ; le meurtre dans la buvette a eu lieu à 0h 15, et l'agression du pompiste 0h 30. Etait-il possible de parcourir ces distances de nuit, sous la pluie, avec une voiture du type de celle des accusés ? Bien entendu, les enquêteurs ont déjà effectué ces expertises et ont conclu que c'était parfaitement faisable, mais la défense a prétendu qu'ils s'étaient trompés dans leurs chiffres. Cette fois, dans un sens ou dans un autre, il n'y aura pas de contestation possible...
Lundi 5 octobre. C'est dans un silence religieux que le public voit s'avancer à la barre l'expert mandaté par le tribunal. Il a pris le volant ? à la même heure, par route glissante ? d'une 205 GTI 130CV. Seule différence : elle était noire au lieu d'être rouge.
L'expert, qui tient à préciser qu'il n'est pas un as du volant, s'exprime posément, et ses conclusions sont accablantes pour la défense. Non seulement les accusés pouvaient aller du campement à la buvette en vingt-cinq minutes, mais lui-même n'en a mis que quatorze. Et pour aller de là au poste d'essence, il lui a suffi de sept minutes, ce qui laissait aux bandits huit minutes environ pour commettre leur agression.
«Et encore, ajoute-t-il, j'ai été retardé par deux sens giratoires qui n'existaient pas au moment des faits.»
Pour une fois, Maurice, Jacob et Denis, qui avaient réclamé sur tous les tons cette expertise comme devant apporter la preuve irréfutable de leur innocence, se taisent. Les plaidoiries peuvent commencer.
S'exprimant la première au nom de Nadine, son avocate parle avec la grande dignité qui a été celle de sa cliente. «Nadine ne veut pas de pitié. Sa jeunesse s'est arrêtée le 13 août 1988. Elle avait un petit ami, maintenant elle est seule. Toute sa vie risque d'être une longue convalescence. Elle veut simplement que vous reconnaissiez sa qualité de victime.»
L'avocat de la famille T. s'en prend particulièrement à Denis, meurtrier présumé de Bernard : «Vos condoléances hypocrites, on ne veut plus les entendre. Vous avez brisé une famille. Toutes les nuits, André voit son frère Bernard mourir dans ses bras.»
L?avocat général, quant à lui, développe pendant trois heures trente une argumentation rigoureuse, pour démontrer la culpabilité des accusés. (à suivre...)


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