Connotation Deux ans après sa chute, les Irakiens gardent intact le souvenir de l?ex-président, les uns l?évoquant douloureusement, d?autres le regrettant. Le nouveau président de la République irakienne, Jalal Talabani, a déclaré qu'il ne lui revenait pas personnellement de gracier Saddam Hussein si celui-ci est condamné à mort. «La question d'une éventuelle grâce est du ressort du Conseil présidentiel et je ne peux pas prendre de décision individuelle à ce sujet», a déclaré M. Talabani dans un entretien publié dimanche dans le quotidien arabe Asharq Al-Awsat. «Je fais partie des avocats ayant signé l'appel international contre la peine de mort dans le monde et ce sera un problème (de conscience) pour moi si des tribunaux irakiens prononcent des condamnations à mort» contre les anciens dirigeants du régime irakien, a cependant souligné M. Talabani. Devenu mercredi le premier président kurde de l'Irak moderne, Jalal Talabani, qui a combattu pendant plusieurs dizaines d'années le pouvoir de Bagdad, tout particulièrement celui de Saddam Hussein, a eu ces mots tirés d'un poème arabe : «Je ne pavoiserai pas, quand bien même cela cicatriserait les plaies ouvertes et purulentes.» Le vieux chef rebelle ne manque pourtant pas de décrire celui qui persécuta sa communauté comme «le plus haineux des dictateurs et un fasciste sans pitié qui massacra son peuple». Pour lui, l'équation est simple : Saddam égale Halabja, cette ville kurde du nord du pays, où quelque 5 000 personnes furent tuées en 1988 par les gaz de combat largués par l'aviation irakienne. Deux ans après la chute de Saddam Hussein, les Irakiens gardent intact le souvenir de l?ex-président, les uns l?évoquant douloureusement, d?autres le regrettant. Rue Rachid à Bagdad, le souvenir de Saddam Hussein, dont les images de la chute symbolisée par la mise à terre, le 9 avril 2003, de sa statue géante place Ferdaous ont fait le tour du monde, est dans toutes les mémoires. «Saddam est avec nous chaque jour, son héritage est là, regardez autour de vous», dit Ahmed Abdel Karim, un archéologue chiite quinquagénaire, montrant des bâtiments ravagés et laissés à l'abandon depuis les pillages qui ont suivi la chute de Bagdad. Toutefois, beaucoup s?affichent comme admirateurs de Saddam, qui aurait eu seulement le tort de prendre de mauvaises décisions, dont celle la plus évoquée : la guerre contre l?Iran.