Film Noirs dans les camps nazis est à l'affiche du festival Images d'ailleurs qui se tient à Paris du 13 au 19 avril. Jean était à Buchenwald, Hugo à Auschwitz, John à Dachau, Dominique à Neuengamme... Leur particularité ? Ils étaient «Noirs dans les camps nazis», le titre d'un documentaire de Serge Bilé. Alors que l'on commémore le 60e anniversaire de la libération des camps de concentration, ce film lève le voile sur ces déportés africains, antillais et noirs américains. Destins tragiques et méconnus que le journaliste franco-ivoirien Serge Bilé raconte aussi dans un livre, publié en janvier sous le même titre. Pour sa 15e édition, le festival Images d'ailleurs, organisé par le Béninois Sanvi Panou dans une salle du quartier Latin, dans le centre de Paris, consacré aux films de culture noire, a pris pour thème «Les soldats noirs dans les guerres françaises». Il veut rendre hommage «aux dizaines de milliers de soldats africains, antillais, maghrébins, tombés sur les champs de bataille pour la France, à ces hommes qui se sont battus pour la délivrer de la barbarie nazie et qui ont contribué ainsi à la libération des camps de concentration». Parmi une vingtaine de films figurent notamment Le Camp de Thiaroye du Sénégalais Sembene Ousmane, l'histoire de tirailleurs sénégalais massacrés en 1944 par l'armée française pour avoir réclamé leur solde. Serge Bilé a réalisé Noirs dans les camps nazis en 1995 mais, dit-il, «pendant dix ans, ce film n'a intéressé personne». L'idée lui est venue, lorsqu'il a découvert que le chanteur franco-ivoirien John William, interprète de La Chanson de Lara, avait été déporté. Le film évoque l'histoire de ce que les nazis ont appelé «les bâtards de la Rhénanie» : enfants métis nés de l'union d'Africains et de femmes allemandes, stérilisés ou internés dans des camps, comme les Afro-Allemands originaires des colonies, au nom des lois de Nuremberg et de «la protection du sang allemand». Theodor Michael, né à Berlin d'un père camerounais et d'une mère allemande, rescapé d'un camp de travail, précise que les Afro-Allemands stérilisés «n'ont jamais obtenu de réparation». Parmi les oubliés de l'histoire, il y a Jean Nicolas (Haïtien), Raphael Elizé (Martiniquais), Dominique Mendy (Sénégalais), résistant dénoncé à la Gestapo, rescapé des camps, qui témoigne depuis l'île de Gorée d'où partaient autrefois les esclaves pour le Nouveau Monde : «J'ai vécu la même tragédie que mes ancêtres», dit-il. Le film se veut un hommage à ces oubliés de l?Histoire.