Au lieu de dire drahem, on dit parfois lflus, au sens argotique de «pognon». Ainsi, kherradj lflus (sors le pognon !) ; ma ândi-ch lflus (je n?ai pas de pognon !). Comme on l?entend souvent dans les films et les feuilletons égyptiens, on a tendance à croire qu?il s?agit d?un mot du dialecte égyptien. En réalité, il n?en est rien : flus, comme dinar et dirham, nous vient de l?arabe classique ! Alors que le dinar désignait, autrefois, la pièce d?or, le dirham, la pièce d?argent, le fals (c?est la forme d?origine du mot) désignait la pièce de cuivre. Tous comme les deux premiers mots, fals provient du grec fallis. Le nom s?appliquait à la pièce de cuivre, mais aussi de bronze. Il faut signaler que cette pièce était unique et n?avait pas de valeurs différenciées. Le fals musulman a d?abord imité la pièce de cuivre byzantine en reprenant jusqu?aux inscriptions et aux dates qui y figuraient puis, comme le dinar et le dirham, on a commencé à l?arabiser et à l?orner de formules religieuses musulmanes. L?effigie de l?empereur byzantin est également remplacée par celle du calife, notamment dans les pièces dites à «calife debout» où le souverain est montré avec une épée. Cependant, beaucoup de pièces se contentaient de représentations épigraphiques, avec parfois le nom de l?atelier de frappe et la date. Il est curieux que, alors que les mots dirham et dinar aient été conservés dans les dialectes arabes du Maghreb, fals a disparu. Et quand il est revenu, c?est pour prendre une forme argotique. La pièce de cuivre, en Algérie, était appelée drahem, terme pour désigner la pièce d?argent.