Le terme algérien le plus courant pour désigner l?argent est certainement drahem, mot qui, comme nous le verrons plus loin, a un sens plus restreint, dans la société d?autrefois. Le Berbère emploie un autre terme, idrimen, que l?on fait parfois provenir du premier, mais les deux termes ont toutes les chances d?être différents. D?ailleurs, le mot drahem n?est pas un mot d?origine arabe. Signalons, toutefois, leur rapprochement au plan morphologique : tous les deux sont des pluriels. Idrimen a bien un singulier, adrim, que l?on retrouve dans quelques dialectes, mais il prend alors un autre sens : il désigne toujours l?argent dans le sens abstrait de fortune, de biens, alors que idrimen a le son de pièces trébuchantes ! Un son que les gens aiment tant entendre? Drahem, comme idrimen sont donc des pluriels : si l?argent, la pièce comme le billet, est envisagé comme une pluralité, c?est sans doute pour suggérer la richesse, l?abondance des biens que l?on peut acquérir avec de l?argent. D?ailleurs d?un personnage fortuné, on dit souvent ?ându drahem, (il a de l?argent) ou, en berbère, is?â idrimen, de même sens. D?une chose qui coûte cher, on dit : tet?t?leb bezaf drahem, (ça demande beaucoup d?argent). Les langues algériennes distinguent entre les pièces et les billets, désignés par des emprunts au français : piasa, pluriel piasat, en berbère tapyast, pluriel tipyasin ; et biyi, pluriel biyiyet, en berbère, abiyi, pluriel ibiyiyen. Il s?agit là de termes généraux pour désigner l?argent. D?autres termes, souvent imagés, sont employés en langue courante.