Drahem, dinar, tous ces mots ont cours dans la langue, comme l?argent qu?ils désignent. Mais d?autres mots ont surgi, fruit de l?imagination des usagers de la langue qui ne sauraient se contenter de ces mots, ressentis un peu comme vieillis. L?un des plus employés est tchipa, un mot aux origines obscures, qui pourrait bien nous venir de Russie ou de quelque pays d?Extrême-Orient où l?on joue si bien avec l?argent. «?Andek tchipa ?», demande-t-on (as-tu de l?argent ?) ; «hadak, ?andu tchipa !» (untel a de l?argent !). Alors que drahem a un sens plutôt neutre (c?est l?argent), tchipa a, par rapport à lui, une acception, un sens un peu différent, voire péjoratif. La tchipa, c?est un peu comme le mot français «fric», l?argent qui permet de faire tout ce que l?on veut faire, y compris les choses malhonnêtes. C?est l?argent dans ce qu?il a de plus désagréable, de plus irrégulier, de moins moral. «Th?eb tdjib kwaght-ek ? ?A?âtilu tchipa !» (tu veux obtenir tes papiers, donne-lui de la tchipa !) ; «th?eb t-debbar khedma ? ?A?êti tchipa !» (tu veux obtenir un poste ? donne de la tchipa !) On pourrait dire, dans ces deux cas, «a?âti drahem», mais le mot drahem fait moins d?effet, il n?exprime pas suffisamment l?idée de corruption que l?on veut sous-entendre. Les jeux qui emploient couramment ce mot, lui ont forgé un verbe, tchepep (donne de l?argent !) ; ainsi, chepep-li (donne-moi de l?argent !). Certains ont même forgé un nom d?agent, mtchepep (fortuné). Ainsi, au lieu de dire m?refeh (riche), on dit mtchepep !, tchipa, sonnant mieux que m?refeh !