Résumé de la 2e partie Une véritable armée fouille le maquis de la Barbagia. La fouille ne donne rien. C?était sans espoir. La proposition de l'ecclésiastique est acceptée et les autorités permettent à Graziano de se rendre en Sardaigne. Ce qui se passe alors n'est évidemment pas connu dans les détails. Mais une chose est certaine : les ravisseurs sont allés trop loin. L'émotion est très vive chez les Sardes et, pour la première fois, l'omerta, la «loi du silence», ne joue plus. Graziano parvient à identifier les ravisseurs. Il entre en contact avec eux et reçoit l'autorisation de voir Nouredine. Il est vivant, mais dans un état physique effrayant ; son oreille, notamment, risque de s'infecter. Il lui fait raser les cheveux, qui sont dans un état de saleté repoussant et en contact avec la plaie. Par la suite, l'enfant, qui a complètement perdu la notion du temps dans sa captivité, mélangera les deux opérations, niant même le côté volontaire de sa mutilation, trop dure à supporter psychologiquement : « Ils m'ont fait mal à l'oreille sans le faire exprès en me coupant les cheveux...» Graziano a désormais l'affaire en main. Dans la nuit du 10 au 11 juillet, il obtient un rendez-vous entre Slimane et les ravisseurs. Le père attend dans sa voiture, dans un bosquet, près d'un pont. D'importantes forces de police sont dissimulées aux alentours. Mais toute la nuit se passe sans qu'il ne se produise rien. En fait, il s'agissait d'un simulacre mis au point entre Graziano et les ravisseurs. Au petit matin, dans un autre endroit de l'île, des carabiniers voient deux hommes qui s'enfuient en abandonnant un enfant. C'est Nouredine ! Il est vêtu d'un pantalon d'adulte en velours, serré à la taille par une ficelle, et d'une chemise crasseuse. Il est couvert de feuilles et il est dans un état de saleté effrayant. Il boite de la jambe gauche, qui s'est ankylosée en raison du manque d'exercice. Il est conduit auprès de son père, qui l'attend toujours dans sa voiture. Avant même de l'embrasser ou de lui dire bonjour, l'enfant lui dit : «Papa, deux fois quatre huit !» Car il avait entendu le message où Slimane lui demandait de ne pas oublier ses tables de multiplication. Puis, il déclare avec fierté : «Tu sais, je n'ai pas pleuré !» Mais il voit alors son père fondre en larmes et rectifie : «Moi aussi, j'ai un peu pleuré...» Son cauchemar est terminé. Mais quel cauchemar ! Dans les heures et les jours qui suivent, Nouredine va parler et on va apprendre peu à peu les conditions inhumaines de sa détention. Pendant les cent dix-sept jours qu'elle a duré, Nouredine a été séquestré dans une maison en ruine du maquis sarde. Il n'a jamais couché dans un lit, mais sur une simple couche de feuilles. Pas une seule fois il n'a été autorisé à se laver. Il a passé toutes ses journées dans une pièce obscure, recroquevillé sur ses feuilles. Une des premières questions qu'il a posées à son père donne l'idée du calvaire : «Papa, tu m'achèteras un piège à rats ?» Car l'un de ses pires souvenirs est d'avoir été terrorisé toutes les nuits par les rats. Pour seule distraction, ses ravisseurs lui donnaient parfois du papier et un crayon. Il n'y avait pas de femme pour s'occuper de lui, uniquement des hommes masqués, qui ne venaient que pour lui donner à manger. Il était mal nourri d'un peu de viande, de fromage, et parfois d'une pomme. A travers la cloison, il entendait la radio, «qui parlait souvent de moi», et les conversations de ses geôliers. Ce qu'il en rapporte donne une idée des dissensions qu'il y avait entre eux et laisse penser que sa vie a effectivement été menacée : «Quelquefois, ils se disputaient. Il y en avait qui voulaient me renvoyer à la maison, mais les plus méchants ne voulaient pas.» L'enfant est, en outre, terriblement traumatisé et dans un état de grande confusion mentale. Il a totalement perdu la notion du temps. Il pense avoir été séquestré deux mois au lieu de quatre... Pour son oreille, on peut pourtant avoir quelque espoir. Après sa libération, l'un des plus grands chirurgiens plasticiens d'Italie a tenu à déclarer : «D'après mon expérience, je crois que la mutilation de Nouredine peut être réparée. C'est un acte qui lui est dû. Si on me le permet, je voudrais donner ma contribution.» (à suivre...)