Résumé de la 12e partie Quand le magicien africain vit ses grandes et belles espérances vouées à l?échec, il n'eut d'autre décision à prendre que celle de retourner en Afrique. Selon toutes les apparences, on ne devait plus entendre parIer d'Aladdin ; mais celui-là même qui avait cru le perdre pour jamais n'avait pas fait attention qu'il lui avait mis au doigt un anneau qui pouvait servir à le sauver. En effet, ce fut cet anneau qui fut cause du salut d'Aladdin qui n'en savait nullement la vertu ; et il est étonnant que cette perte, jointe à celle de la lampe, n?ait pas jeté ce magicien dans le dernier désespoir. Mais les magiciens sont si accoutumés aux disgrâces et aux événements contraires à leurs souhaits qu'ils ne cessent, tant qu'ils vivent, de se repaître de fumée, de chimères et de visions. Aladdin, qui ne s'attendait pas à la méchanceté de son faux oncle après les caresses et le bien qu'il lui avait faits, fut dans un étonnement qu'il est plus aisé d'imaginer que de représenter par des paroles. Quand il se vit enterré tout vif, il appela mille fois son oncle en criant qu'il était prêt de lui donner la lampe ; mais ses cris étaient inutiles et il n'y avait plus moyen d'être entendu. Ainsi, il demeura dans les ténèbres et dans l'obscurité. Enfin, après avoir donné quelque relâche à ses larmes, il descendit jusqu'au bas de l'escalier du caveau pour aller chercher la lumière dans le jardin où il avait déjà passé ; mais le mur, qui s'était ouvert par enchantement, s'était refermé et rejoint par un autre enchantement. Il tâtonne devant lui à droite et à gauche par plusieurs fois, et il ne trouve plus de porte ; il redouble ses cris et ses pleurs et il s'assoit sur les degrés du caveau, sans espoir de revoir jamais la lumière, et avec la triste certitude, au contraire, de passer des ténèbres où il était dans celles d'une mort prochaine. Aladdin demeura deux jours en cet état, sans manger et sans boire ; le troisième jour enfin, en regardant la mort inévitable, il éleva les mains en les joignant et, avec une résignation entière à la volonté de Dieu, il s'écria : «Il n'y a de force et de puissance qu'en Dieu Le Haut, Le Grand !» Dans cette action de mains jointes, il frotta sans y penser l'anneau que le magicien africain lui avait mis au doigt et dont il ne connaissait pas encore la vertu. Aussitôt, un génie d'une figure énorme et d'un regard épouvantable s?éleva devant lui comme de dessous la terre, jusqu'à ce qu'il atteignit de la tête à la voûte, et dit à Aladdin ces paroles : «Que veux-tu ? Me voici prêt à t'obéir comme ton esclave, et l'esclave de tous ceux qui ont l'anneau au doigt, moi et les autres esclaves de l'anneau.» En tout autre temps et en toute autre occasion, Aladdin, qui n'était pas accoutumé de pareilles visions, eût pu être saisi de frayeur et perdre la parole à la vue d'une figure si extraordinaire ; mais, occupé uniquement du danger présent où il était, il répondit sans hésiter : «Qui que tu sois, fais-moi sortir de ce lieu, si tu en as le pouvoir.» A peine eut-il prononcé ces paroles que la terre s'ouvrit et qu'il se trouva hors du caveau et à l'endroit justement où le magicien l'avait amené. (à suivre...)