Résumé de la 1re partie En juin 1815, Duroy de Chaumerays s?apprête à conduire le nouveau gouverneur du Sénégal en Afrique. C?est un marin inexpérimenté et vieilli, mais il a les faveurs du roi de France qu?il a soutenu durant son exil. «La Méduse» est un beau voilier de construction relativement récente. En tout cas c?est le meilleur bâtiment qui reste de la flotte française, depuis le désastre de Trafalgar. Le navire est suivi de trois autres bateaux, transportant les troupes : une corvette, «L?Echo», un brick, «L?Argus» et une gabarre, «La Loire». «La Méduse» va naviguer de concert avec eux, mais une fois tous les bateaux arrivés au large des côtes de l?Afrique, le capitaine va donner la consigne : «Plus question de les suivre !» Il veut démontrer qu?il est le plus rapide ? «La Méduse», en effet l?est ? et surtout il veut débarquer le premier ! Il exulte : quelle joie de sentir frémir sous ses pieds la frégate, d?entendre la voile claquer, battue par un vent favorable. Mais quelle joie surtout d?avoir sous ses ordres des dizaines d?hommes, de commander comme il veut ce bateau, le plus beau et le plus léger de la flotte française d?alors. Duroy de Chaumerays a une revanche à prendre : il y a vingt ans, il a été écarté de la marine pour incompétence, mais il sait, lui, qu?il n?est pas incompétent et que malgré toutes ces années, il peut encore mener un navire à bon port. Et surtout, être plus rapide que les navires qui font voile avec lui ! Or, pour faire vite, pour arriver le premier au Sénégal, il doit naviguer tout près de la terre, ce qui l?expose à de grands dangers. D?ailleurs, avant que «La Méduse» ne s?éloigne des autres bâtiments, ceux-ci lui lancent des signaux. ? «Que veulent-ils ?, demande Duroy à ses officiers. ? Ils nous avertissent qu?il ne faut pas trop approcher des côtes ! ? Pour rester dans leur sillage ?, déclare ironiquement le commandant. ? Oui, monsieur, et nous pensons qu?ils ont raison? Nous sommes en train de faire fausse route ! ? Allons, vous n?avez pas compris que c?est une feinte ? Les messieurs de ces navires veulent arriver avant nous ! ? Commandant, si nous suivons la route que vous voulez prendre, nous foncerons directement sur le cap Blanc et ses bancs de sable ! ? Fadaises ! Au contraire, nous gagnerons un temps précieux !» Les officiers essayent de lui prouver, en lui mettant sous le nez des cartes, en faisant des calculs, mais il ne veut rien entendre : «La Méduse» prendra le cap qu?il a choisi parce que c?est le plus court ! Quelques officiers tentent encore, au nom de la raison, de lui faire changer d?avis, mais il refuse. Et il coupe court à toute polémique en déclarant solennellement que, sur «son» bateau, il est le seul maître à bord, après Dieu. Toute opposition à sa volonté sera considérée comme une mutinerie, un délit puni, à l?époque, par la peine de mort ! (à suivre...)