Résumé de la 2e partie La frégate «La Méduse», est en route vers l?Afrique où elle conduit le nouveau gouverneur de la colonie du Sénégal. Elle navigue de concert avec trois bateaux. Mais le commandant de «La Méduse», voulant arriver le premier, change de cap. Premier juillet 1815. La frégate a laissé bien loin les trois bâtiments et double le cap Bojador. «Vous voyez, dit le commandant Duroy de Chaumareys à ses officiers, vous voyez qu?il ne nous est rien arrivé de fâcheux ?» Les officiers se contentent de hocher la tête : ils savent bien qu?ils ne sont pas tirés d?affaire et que le pire est à venir, ils savent aussi qu?il est inutile de faire changer d?avis à leur commandant. Celui-ci, tout joyeux d?avoir montré qu?il est plus fort que ne le croient ses adversaires, fête l?événement. On boit et on danse. Les marins, déguisés en dieux de la mer, improvisent des scènes grotesques qui font rire aux éclats le commandant. Ses officiers observent, inquiets, la côte vers laquelle les courants entraînent la frégate. Mais à quoi bon avertir un homme qui, de toute façon, ne les écoutera pas ? Le 2 juillet, à l?aube, le commandant Duroy, en observant la mer, aperçoit un nuage blanc qu?il prend pour le cap Blanc. A ce moment-là, il aurait dû s?éloigner plus à l?ouest pour éviter les redoutables sables du banc d?Arguin, mais il ne le fit pas. Au loin, la corvette «L?Echo», qu?on aperçoit encore car pas suffisamment distancée, fait des signaux désespérés à la frégate, signifiant : «Eloignez-vous de la côte ! Eloignez-vous de la côte !». Mais peine perdue ; le commandant ne veut rien entendre. D?ailleurs, la corvette vire à tribord et disparaît définitivement? Le même jour, à midi, le quart de bord pense qu?on approche dangereusement du banc d?Arguin. La couleur de l?eau lui semble, en effet, plus claire. Alors, de sa propre initiative, il décide de sonder. Ses soupçons sont fondés : la sonde donne dix-huit brasses. Cela signifie que le banc de sable n?est pas loin, voire qu?on est dessus ! Sans tarder, le quart de bord alerte le commandant qui, pour la première fois, s?inquiète. Et si le banc de sable tant redouté est plus proche qu?il ne le croit ? Et s?il a eu tort de trop s?approcher des côtes, pour «semer» les navires qui l?accompagnaient et avec lesquels, en principe, il devait naviguer jusqu?à Gorée et Saint-Louis du Sénégal. Il faut absolument s?éloigner de la côte ! La frégate s?éloigne donc. Le commandant ordonne que l?on sonde de nouveau. La sonde indique, cette fois-ci, six brasses. «Serrez au vent !», ordonne le commandant. On serre au vent. Bientôt la terre disparaît. Les officiers poussent un ouf de soulagement, le terrible banc de sable sur lequel des dizaines de navires imprudents se sont échoués par le passé est évité. En fait, à l?époque, on connaissait très mal l?étendue de ce banc et les cartes ne les dessinaient qu?approximativement. Pourtant le commandant et ses officiers ont tort de se réjouir, croyant avoir échappé au danger? (à suivre...)