Résumé de la 1re partie n Le radeau de la Méduse, chef-d'œuvre de Géricault exposé au Louvre, représente le naufrage de la frégate «La Méduse»... Au neuvième jour, il ne reste plus que vingt-cinq survivants sur cent quarante-neuf personnes. Des papillons se posent sur le radeau : on espère être assez près de la terre ferme. L'embarcation dérive, un bateau passe à l'horizon, mais continue sa route. Au bout de douze jours enfin, un navire, «L'Argus», qui accompagnait «la Méduse», revient sur sa route pour voir ce qu'il est advenu des naufragés. On repère le radeau, qui ne soutient plus que quinze survivants des lambeaux de chair humaine sont en train de sécher au soleil. Une fois à terre, cinq survivants succombent pour s'être trop goulûment jetés sur la nourriture ; la cantinière meurt avec son époux. Savigny fait partie des survivants et, dès qu'il le peut, il dépose un rapport au ministère de la Marine. La presse, mise au courant, publie une partie du rapport. Le scandale est énorme, la responsabilité du commandant de «la Méduse», Hugues Duroy, comte de Chamareix, est gravement engagée. Le régime de Louis XVIII en est éclaboussé. Corréard, grâce à des officiers anglais, arrive à son tour à Paris, après avoir séjourné à l'hôpital de Saint-Louis-du-Sénégal, où on l'a laissé nu dans ses draps pendant quarante jours... Il rejoint Savigny, très compromis par la publication du récit, et ils travaillent ensemble à une thèse sur... «les effets de la faim et de la soif». Corréard publie cette thèse. Le Mercure de France ouvre une souscription au profit des rescapés. Nouveau scandale. Corréard est poursuivi par la justice. L'opinion publique s'insurge contre le sort fait à cet homme qui a déjà tant souffert. Géricault s'arrange pour rencontrer Corréard et Savigny, et il étudie avec eux les détails de la tragédie. Tragédie qui flatte les instincts légèrement morbides du peintre, dont certaines œuvres précédentes représentent exécutions capitales ou assassinats. D'ailleurs, cela fait plusieurs mois qu'il se rend à la morgue pour y étudier des cadavres. Un voleur mort à l'hôpital, dont des amis médecins lui ont confié la tête, est déjà dans son atelier... Géricault hésite sur le moment du naufrage qu'il va représenter. L'insurrection du premier soir ? Un naufragé en train de dévorer un cadavre ? Il sait qu'il ne doit pas choquer le public du Salon, auquel il destine sa toile. Il choisit l'instant de l'espoir, quand une voile apparaît à l'horizon. «Je ne peux pas travailler dans mon atelier de la rue des Martyrs. On y est beaucoup trop à l'étroit.» Géricault découvre l'espace qu'il lui faut dans le faubourg du Roule, juste en face du tout nouvel hôpital Beaujon. Voisinage commode pour se procurer les pièces anatomiques dont il va avoir besoin. Les infirmiers, sensibles à son charme, lui permettront très vite de venir... observer les agonisants. Voilà pour les morts. Mais sur le radeau il y avait aussi des vivants. Il a sous la main Corréard, Savigny et le charpentier rescapé. Pour les autres, il y a les amis et d'anciens grognards, ainsi que des modèles professionnels, dont le «nègre Joseph»... Durant plusieurs semaines Géricault peint des «morceaux», morts ou vivants, grandeur nature. Il se fait livrer un cadavre, qui demeure plusieurs jours sur la gouttière... Il rend visite à un ami cloué au lit par une jaunisse, et lui dit : «Que tu es beau, que tu es beau !» L'autre, en effet, est d'un jaune citron parfait. La couleur que cherche Géricault pour ses naufragés (à suivre...)