Ethymologie Me Yahia Chemli, le défenseur, a poussé le président de la section pénale de Hussein Dey, à expliquer que le mot sh'mata n'était pas pour ainsi dire une insulte, mais voulait dire, mot à mot, faire exprès de... Et pourtant, cette insulte a pour cause un conflit autour d'un lopin de terre âprement disputé par les deux parties. «Écoutez, Messieurs, il vaut mieux régler le conflit du lopin de terre car vos ennuis vont prendre de l'ampleur et vos avocats n'y pourront rien...» Cet avertissement conseil-recommandation dicté par le sympathique juge de Hussein Dey (Cour d'Alger) a été l'avant-dernier paragraphe avant l'énoncé du verdict d'une affaire qui a vu le discret Me Yahia Chemli relater sans passion les différentes étapes vécues depuis belle lurette par son client et son adversaire : «Il y a des poursuites contre mon mandant pour vol, pour faux et usage de faux, pour dénonciation calomnieuse et que sais-je encore ?», s'est écrié l'avocat qui a expliqué ces poursuites pour insultes aujourd'hui l'ont été pour un mot «sh'mata» et «je crois que...» Le conseil est poliment interrompu par le président qui explique avec un large sourire qui accentue les rougeurs de ses joues brunes que le mot considéré comme injurieux veut tout simplement dire qu'un «sh'mata est quelqu'un qui fait exprès de...» Puis le défenseur s'interroge sur l'absence des témoins venus ? ou ramenés ? en force devant l'instruction. éNous avons, Monsieur le président, les déclarations de la pseudo-victime et c'est tout» dit Chemli qui a salué le courage de son client qui a reconnu avoir traité son adversaire de «sh'mata», mais sans proférer aucune menace. Puis le défenseur effectue une sortie en annonçant au magistrat un scoop : «M. Ie président, attendez-vous à revoir bientôt la tête de mon client qui va faire l'objet d'une autre ? la énième ? poursuite basée sur un délit fabriqué de toute pièce et donc, bidon». Le juge sourit, Moulay, le procureur, grimace et Mériem Sefouane, la greffière, griffonne, on ne saura jamais quoi, et pour cause... Me Isma Aïssiou, qui adore suivre les débats pour apprendre, dit-il avec un très beau sourire qui illumine sa face non maquillée, pronostique la relaxe alors que le juge fait de l'humour juste pour décompresser Chemli : «Donc, nous allons avoir l'honneur et le plaisir de vous revoir avec votre client ?» Et l'avocat de répondre : «ça dépend, Incha Allah». Moulay demande l'application de la loi, car non convaincu du délit. La relaxe est prononcée sur le siège. La victime et les témoins méditeront la prochaine fois en répondant aux convocations du tribunal. Me Chemli est aux anges tout comme son copain Rezki Belouadhah.