Les vols de voitures sont quotidiens. Celui qui a fait l'objet de ce procès s'est déroulé à l'intérieur du garage d'un établissement secondaire, cela n'arrive pas tous les jours... Depuis cinquante mois, Madame Saïda H.Z., victime du vol de sa voiture garée dans l'enceinte du lycée Hassiba, court dans tous les sens. Au tribunal d'Hussein Dey, malgré le rude réquisitoire de Ali Moulay, alors Procureur aux côtés de Hallit, l'appel se fait désirer. Ce n'est que le 23 février 2005 que l'audience a eu lieu dans un brouhaha indescriptible, au 1er étage du Palais de justice. Les avocats dont Me Fetnassi et Me Belahcène ont souffert pour se faire entendre par le trio de magistrats. Le PG, lui, a tout simplement été efficace et son réquisitoire devrait faire mouche à moins que les membres de la composition pénale, n'aient sous les yeux, des éléments versés au dossier qu'eux seuls possèdent. Plus de deux heures et demie de débats avec, au bout, une mise en examen du dossier. Où est passée la voiture? L'inculpé qui a été relaxé en première instance, au bénéfice du doute, faisait la tête. Que dire de la victime? Bien qu'épaulée par Me Debi et Fetnassi, la pauvre intendante était «out». Elle l'a dit aux juges: «Je garde confiance en notre justice. Le veilleur de nuit connaît le voleur». Ce même veilleur de nuit, qui reste l'unique témoin oculaire qui a vu le voleur de l'auto, était selon la victime convoqué tous les matins par l'ex-intendante de Hassiba qui lui dictait mot à mot ce qu'il devait débiter devant les éléments de la PJ d'Hussein Dey. Ces derniers attendront une semaine pour entendre enfin le veilleur raconter l'histoire du véhicule qui est sorti à l'aube du lycée. Abdelkader Fridi, l'inculpé, a toujours nié être l'auteur du méfait. Mille fois, il a été entendu, mille fois, il a tenu bon et n'a rien reconnu. Si Me Fetnassi s'est voulu convaincant en plaidant uniquement le droit en s'appuyant sur la thèse avancée par la victime, Me Safia Debi la seconde avocate s'est étalée sur le fait qu'aucun véhicule ne quitte cette «forteresse» qu'est le lycée sans être vu. Tout comme Me Fetnassi, l'avocate toute retournée par ce drame qui dure dans le temps, a évoqué le complot tramé à l'encontre de Saïda qui a dénoncé les agissements de sa supérieure de l'époque. «Elle a voulu jouer son rôle de fonctionnaire modèle, voilà où elle en est. Elle a perdu un véhicule de quatre-vingt dix millions de centimes qui n'était même pas couverts par l'assurance», ont clamé les avocats de la partie civile. Le juge rappelle le délit. «Me, tenez-vous en au vol, à l'article 350 du code pénal. Le reste n'intéresse pas la composition de la chambre pénale». N'empêche qu'à une question du même juge qui s'étonnait que la victime n'ait pas dénoncé à temps le vol, Saïda H.Z. a rétorqué que l'ex-intendante mutée à Médéa depuis, ne voulait pas qu'on lui adresse la parole. «Elle m'a plaquée, confinée dans un embargo impensable et insupportable», dit, les larmes aux yeux, la victime. Le PG depuis son siège, a demandé la requalification du délit en crime ou à défaut, si la chambre ne l'entend pas ainsi, une peine de cinq ans d'emprisonnement et une amende conséquente. Pour l'inculpé, le premier conseil substituant Me Bennacef, s'est dit étonné que la victime, qui prétend avoir tout perdu (la voiture et les bijoux), soit aussi sereine. La victime ricane et murmure: «Depuis 2000, que de larmes ont coulé, mes nerfs ont lâché, que de temps perdu dans les salles d'audience». Me Laoubi Belahcène, elle, affirme que l'inculpé ne peut être l'auteur du vol de l'auto. «Pourquoi avoir attendu huit jours avant de déposer plainte?» s'est interrogé le défenseur qui a réclamé la relaxe. Le trio de magistrats aura passé plusieurs minutes à décortiquer le dossier. Il en passera plus en l'examinant avant de rendre le verdict dans une affaire qui aura traîné entre la police de Hussein Dey et le palais de justice près de cinq ans, l'âge d'un écolier de première année.