Constat La dimension économique de la ville a toujours été prépondérante, affirment les historiens. Située sur les terres basses du Hodna, l?antique cité de Magra, ou Makra, fut, des siècles durant, un passage obligé entre ses deux grandes voisines Tobna et la capitale hammadite M?sila, une fonction qui assurera longtemps sa prospérité, selon les quelques écrits de son histoire. Les Byzantins y avaient pourtant établi plusieurs fortifications pour contrôler la route desservant Sitifis, capitale de la Numidie césarienne, et sécuriser l?exploitation des ressources de cette région, dont les vestiges des anciens systèmes d?irrigation attestent de l?essor qu?avait connu son agriculture. La dimension économique de Magra a été toutefois plus prépondérante, affirment les historiens, qui notent que l?aspect démilitarisé de la cité n?en fait pas pour autant une ville à sécurité précaire car ses voisines du Ez-zabi, Tobna et M?sila notamment, ont toujours veillé sur elle. Durant la deuxième moitié du VIIIe siècle, Magra a été annexée aux territoires de la dynastie aghlabide qui avait puissamment fortifié Tobna, devenue, sous leur règne, capitale des Zibans. En 946, les Fatimides établissent à Magra un poste permanent de perception des tarifs douaniers, termes dont la dérivation vient des deux mots arabes «taârifa diwania». Loin d?être fortuite, cette mesure démontrait l?importance de la cité, qui était une station incontournable pour le trafic commercial avec toute l?Afrique noire et, partant, une source de revenu non négligeable pour le trésor de cet Etat. Entourée de toutes parts de montagnes et monticules, Magra a un seul accès, encaissé par des escarpements infranchissables. Cet emplacement garantissait la sécurité de la ville, demeurée presque toujours à l?abri des litiges territoriaux des pouvoirs se disputant le contrôle de cette partie du Maghreb central. La ville commence à péricliter dès 1017, alors qu?elle était encore sous domination hammadite. Avec les flux des tribus hilaliennes, la cité perdra encore plus de sa prospérité d?antan. Dans la désormais commune de Magra, le commerce demeure, à ce jour, l?activité la plus répandue parmi ses 32 701 habitants. Il est notamment favorisé par le passage de la RN 28, qui constitue un carrefour entre les routes reliant l?ouest du pays à l?Est et au Centre. La concentration, dans cette circonscription, d?un nombre important de gros concessionnaires spécialisés surtout dans le commerce des pièces de rechange de véhicules, pneumatiques, électroménager et matériaux de construction confirme la persistance de cette tradition ancienne du négoce. Le tissu urbain de la ville se développe presque exclusivement en deux lignes parallèles à la RN 28 et la fonction commerçante des constructions prime leur habitabilité, de sorte qu?elles en sont venues à ressembler plus à des hangars qu?à des maisons. L?effervescence marchande de la cité rythme ainsi son urbanisation et ses fonctions, en dépit d?un climat clément pendant l?hiver, mais très chaud en été.