Déception Le Mouloudia a tenu héroïquement quatre-vingt-neuf minutes, mais la muraille a fini par se fissurer malgré un Benfissa des grands jours. Ah, s?il n?y avait pas eu cette 90? fatale ! S?il n?y avait pas ce félin de Hamza, le joker de luxe de Iordanescu, à deux centimètres de la cage restée inviolée 89? durant ! Mais «avec des si, on aurait pu mettre Paris en bouteille». On joue la dernière minute du temps réglementaire. Le tableau affiche un grand zéro à zéro? au profit du Mouloudia qui se voyait les deux pieds en demi-finales de la très lucrative Ligue des champions arabe avec en prime un autre club saoudien à se mettre sous la dent : le grand Hillal, tombeur, la veille, des Marocains du Widad de Casablanca. Mais une balle assassine ? un ultime coup de rein ? venait tout briser. L?espoir de terminer cette compétition, comme le Mouloudia l?avait démarrée, en fanfare. 90?, le quatrième arbitre lève son tableau électronique pour annoncer cinq minutes de temps additionnel. A ce moment-là, une balle anodine atterrit dans les pieds du Saoudien Mesfer, sur le flanc droit. Se trouvant seul, sans le moindre pressing de la part du milieu de terrain mouloudéen ? il est vrai descendant d?un cran pour faire le surnombre en défense ?, l?arrière droit de l?Ittihad fait une longue passe dans le dos des défenseurs algériens. Le cuir contourne tout le monde et atterrit directement dans les pieds du remplaçant Hamza, étrangement seul dans la «forêt» mouloudéenne. Petit contrôle et il catapulte le ballon dans les filets. Ni Bouacida ni Benfissa, impérial jusqu?à ce coup de poignard, ne pouvaient annihiler l?action. Le public du stade Abdellah, peint en jaune et noir, n?en revenait pas. Il fallait tout reprendre à zéro. Mais «recommencer» le match n?était pas la meilleure chose qui puisse arriver au Mouloudia. Les jambes étaient alourdies après 89 minutes de «tout-défensif» avec très peu de mordant dans le milieu et une attaque absente et fortement handicapée par l?expulsion de Braham Chaouch par l?arbitre jordanien, à la 52?, à la suite d?un deuxième carton jaune pour un geste gratuit que le joueur, dans d?autres circonstances, pouvait facilement éviter. A dix, le Mouloudia n?avait alors guère le choix : dresser une muraille infranchissable derrière Benfissa en attendant de conforter un peu plus la stratégie défensive. Seulement, il fallait se passer des services de Rabier, expulsé une minute après pour avoir trop rouspété au goût du directeur de jeu. Le volume de jeu des Saoudiens devient, dès cette minute, plus consistant. Regroupé en défense, le MCA est assiégé de toutes parts, mais parvient tout de même à endiguer à chaque fois la furia des locaux. Benfissa, auteur de trois parades dignes des grands keepers, l?une face à Birkovic et deux face au virevoltant Abouchkir, en première mi-temps, va continuer en seconde période à surclasser tout le monde, faisant preuve d?ingéniosité à chacune de ses sorties, en témoigne ce duel gagné dans ses six mètres face au Brésilien Sergio Ricardo (65?). L?entrée de Boukaroum à la place de Deham, exténué, et de Djabelkheïr à la place de Benali, également à la traîne, avait permis au Mouloudia de gérer au mieux ce qui restait de la partie, alors que l?entraîneur roumain de l?équipe saoudienne tirait ses dernières cartouches dans la partie pour réussir ce but qui ne venait toujours pas. Il a fait intégrer alors un milieu offensif, un de plus, et deux autres attaquants, un à gauche et l?autre en pointe de l?attaque. C?était alors le va-tout. Des ultimes efforts pour forcer le destin face à un Benfissa des grands jours. Un Benfissa qu?on aurait aimé voir tous les jours même s?il n?avait pas le bon flair pour aller dénicher un des cinq penalties parfaits des locaux.