Avec son frère Ahcène, son jumeau et son compère et complice de scène, ils rêvaient de cette finale de leur club chéri, le CRB, contre l?O-Médéa en 1995. Dans une Algérie qui pue le sang et la douleur au quotidien. Des mains assassines ont brisé ce rêve en séparant les deux amuseurs des foules les plus connus et les plus respectés de tout le pays. Leurs shows au stade du 20-Août, qui était leur jardin préféré, ou partout où ils ont été, que ce soit avec le Chabab, avec l?Équipe nationale ou lors de grandes affiches (MCA-JSK - USMA-USMH,?), sont restés dans toutes les mémoires et sont même répertoriés parmi les spectacles les plus appréciés de la scène footbalistique. Gijon et Oviedo 1982 se souviendront. Aujourd?hui, Hocine Yamaha, de son nom de scène, n?est plus et c?est son frère qui a repris le flambeau pour faire chavirer les foules de rire et dompter les plus coriaces des galeries adverses. Ces derniers ont fini par abdiquer, lui vouant respect et admiration. Le ou les Yamaha étaient un modèle de sportivité et de bon esprit. Une passion débordante pour le football et les hommes. Yamaha, qui reste le plus fidèle des supporters du CRB même durant les périodes les plus difficiles, n?a jamais refusé de rallier la cause des autres. Un voisin qui veut se sauver d?une relégation, un adversaire qui souhaite arracher une consécration ou une équipe nationale qui court derrière son passé. Et si les numéros de Yamaha tournaient souvent autour d?un penalty, d?un dribble ou d?une course folle, l?improvisation l?emportait à chaque fois. Avec un pantalon «aroubi» et une chechia stamboul, Yamaha vous exécutera une danse qui vous laissera parterre. Sa langue qui tournoie, sa gestuelle, ses boutades respirent l?art. Celui de faire rire. Celui de faire plaisir à des milliers de fans entassés dans les tribunes. Yamaha incarnera pour longtemps à la perfection, parfois jusqu?à la caricature, ce modèle de clown digne des plus grands chapiteaux du monde.