D?ici à 2015, des milliers d?hectares de terres agricoles perdront leur vocation première. Ce foncier «détourné» servirait d?assiette au projet d?un million de logements ainsi qu?à des ouvrages d?art dont, entre autres, l?autoroute Est-Ouest que l?Etat veut réaliser. Pour réunir le nombre de terrains suffisants pour les besoins de la réalisation du fameux million de logements et de grands ouvrages d?art, Alger va encore perdre de la superficie de ses terrains agricoles. «D?ici à 2015, 35 000 à 38 000 ha vont être déviés de leur vocation première, c?est-à-dire agricole, pour devenir un foncier destiné essentiellement à l?habitat et aux autres ouvrages d?art», nous a déclaré Mohamed-Seghir Mellouhi, directeur de l?Organisation foncière et de la protection du patrimoine au ministère de l?Agriculture. Cette option, qui consiste à sacrifier des terres fertiles, surtout dans les régions du nord, répond, selon notre interlocuteur, à des choix stratégiques. «L?Etat a des objectifs à atteindre, il a des options stratégiques à faire valoir à l?avenir, comme les grands projets de l?habitat, des autoroutes et d?autres grands chantiers. Donc, il faut avoir le courage d?affronter positivement ses objectifs et ne pas s?affoler à chaque occasion et voir tout le temps les choses du mauvais côté. Non, on ne va pas sacrifier les terres agricoles, car il faut se rendre à l?évidence que si l?Etat va "spolier" l?agriculture de 35 000 ou 38 000 ha pour en faire des parcelles destinées à d?autres secteurs, il est en train aussi de suivre une politique de valorisation des terres agricoles dans les autres régions. Toute la différence est là», signale ce cadre du ministère de l?Agriculture. En effet, ce déficit, selon notre orateur, ne constitue aucunement un handicap de taille à la production agricole dans la mesure où dans un autre registre, il est signalé «la mise en valeur de plusieurs milliers d?hectares, notamment dans les régions des Hauts-Plateaux et celles du sud du pays, où de bonnes performances ont démontré qu?on peut compter dorénavant sur l?agriculture des terres nouvellement mises en valeur». Seul bémol, selon ce cadre du ministère, l?exode rural est toujours perçu comme un danger imminent sur l?agriculture dans la mesure où la «saignée» a un impact direct sur le monde agricole en particulier et le monde rural en général. Selon M. Mellouhi, «plus de cinq millions d?Algériens ont quitté le milieu rural durant la dernière décennie, pour s?installer à la périphérie des grandes villes et ce pour des questions de sécurité surtout». «Il y a lieu de noter, précise-t-il, que ce chiffre pourrait bien augmenter durant les années à venir. L?exode rural est un phénomène qu?il faut impérativement juguler, sinon on risque d?être en face d?une véritable catastrophe.»