Dans la langue classique, on distingue, concernant la fonction des envoyés de Dieu, nabi, traduit en français par «prophète», rassul, «envoyé» ou encore «messager». Nabi, le prophète, est un avertisseur, un annonciateur du châtiment qui attend les impies, alors que rassul, l?envoyé, est porteur d?une législation, d?un livre révélé, voire d?une religion. Si l?envoyé est toujours prophète, l?inverse n?est pas vrai, puisqu?on peut être avertisseur sans être porteur d?Ecriture. Dans la langue classique encore, les titres de nabi et rassul sont attribués à Mohammed, mais aussi aux autres prophètes et envoyés de la tradition monothéiste. Dans les langues algériennes, les titres de nabi et rassul sont exclusivement destinés à désigner Mohammed : c?est pourquoi, souvent, on n?a pas besoin d?ajouter son nom pour dire qu?il s?agit de lui. C?est ennebi, le Prophète, ou al-rassul, l?Envoyé. Autre particularité : on ne fait pas de différence entre les mots rassul et nabi, puisque Mohammed a les deux fonctions. En tout cas, dans les interjections, on dit, indifféremment, ya Nnbi ! (ô Prophète !) et ya Rassul Allah (ô Envoyé de Dieu !). Les mêmes mots, les mêmes usages et les mêmes interjections se retrouvent en berbère. En kabyle, on dit aussi : annbi s numen (ô Prophète en qui nous croyons !). Quand on cite le nom de Mohammed, on le fait toujours précéder de la particule sidna, c?est-à-dire «notre seigneur» ; il faut signaler que ce titre est également employé pour les autres envoyés de la tradition monothéiste. Ainsi, on dit sidna Brahim pour Abraham, sidna Moussa pour Moïse, sidna Aïssa pour Jésus, etc. L?Islam, il faut le rappeler, est une religion qui pratique la fraternité des prophètes. (à suivre...)