Une nouvelle traduction intégrale des Mille et Une Nuits sera publiée le 13 mai par les éditions Gallimard. Considérée comme un véritable événement éditorial, cette traduction est l'?uvre de Jamel Eddine Bencheikh, poète et professeur émérite à la Sorbonne, et d'André Miquel, écrivain et poète qui a occupé au Collège de France la chaire de langue et littérature arabe classique. Elle intervient, précise l'éditeur, «trois cent un ans» après celle de l'érudit français Antoine Galland, et est «appelée à faire date», estime-t-il, en indiquant que deux autres volumes suivront, le premier ne concernant que les Nuits 1 à 327. Le mystère plane sur l'origine de ce texte anonyme dont on entend parler pour la première fois au Xe siècle. Une chose est sûre : pour les Arabes, il est d'origine étrangère. Alexandre le Grand pourrait en être l'initiateur, l'Inde a eu sa part dans l'affaire, et l'Iran semble avoir joué un rôle décisif, expliquent les traducteurs. Par la diversité des origines, ces récits de compilation ne correspondaient ni à la pensée et aux lettres arabes ni à l'Islam. En outre, pour ces mêmes critiques, les auteurs de ces contes font parler les bêtes, imaginent des métamorphoses, mettent en place mille fantasmagories : le tout va contre le dessein de Dieu, à Qui est réservé le principe de toute création. Considéré comme un ouvrage de seconde zone, le livre va circuler en coulisses, notamment en Egypte. Mais l'orientaliste Antoine Galland découvre le roman de Sindbâd le marin et se rend compte qu'il fait partie d'un tout. Il commence à traduire en 1704 ce vaste ensemble qui comprendra 12 volumes. Le succès est immédiat et considérable. Des traductions, fondées sur celle de Galland, paraissent dans plusieurs pays européens. Le 15 juin, le musée du Louvre accueillera dans son auditorium une table-ronde en présence des deux traducteurs puis, en soirée, proposera une lecture d'extraits de ce chef-d'?uvre universel : le «plaisir» que procure ce texte peut, en effet, «se partager dans toutes les langues du monde», écrit en préface André Miquel.