L?engagement est pris. Tous les centres d?accueil seront fermés d?ici à 2009. Pour cela, les pouvoirs publics exhortent les familles à récupérer leurs parents délaissés non sans leur promettre des aides matérielles et même des primes mensuelles. «Ces personnes ont besoin de sollicitude, d?amour et de protection.» Là, Djamal Ould Abbas, ministre de la Solidarité, trouve le beau vocable pour parler d?une triste réalité qui concerne ceux qui, au crépuscule de leur vie, n?ont pas seulement besoin d?un petit lit, d?un bol de soupe et d?un morceau de pain, mais bien plus que cela : de l?affection avant tout. Eux, ce sont les vieilles personnes jetées et abandonnées par leurs enfants, sans remords, dans des centres d?accueil, pour ne plus être encombrantes. Mme Nouara Djaâfar, ministre délégué à la Famille, a qualifié d'«inquiétante» l'existence de ces centres et estimé que la propagation du phénomène de l'abandon par la famille de ses membres âgés est un «indice inquiétant» de la dislocation de la cellule familiale. La «tragédie» mise au jour par les deux ministres, hier, lors de la journée d'étude sur les personnes âgées, organisée à l?hôtel El-Djazaïr, concerne, selon des statistiques récentes, quelque 12 000 personnes placées, par leurs descendants «sans sollicitude, sans amour et sans protection» dans ces centres ghettos qui, selon les termes d?Ould Abbas, «ne répondent guère aux exigences d?une vie digne» et dans lesquels vieux et vieilles cohabitent comme ils peuvent, le c?ur déchiré, avec des handicapés et des malades mentaux, l?autre frange de la société «oubliée». Mme Djaâfar a plaidé en faveur «de la préservation du modèle traditionnel de la famille» relevant qu'«il est temps de soulever les problèmes dont souffre cette frange qui a besoin de plus d'attention et d'intérêt». Pour cela, un appel solennel est lancé aux familles coupables de «parricide». Il leur sera même proposé des sommes d?argent, sous la forme de prime mensuelle, pour reprendre leur parent au domicile familial et une assistance médicale et psychologique périodique. Outre le risque de dislocation de la cellule familiale, les pouvoirs publics appréhendent ce danger du point de vue économique. Les personnes âgées à la charge de l?Etat coûtent, en effet, excessivement cher. Djamal Ould Abbas a rappelé dans ce registre précis que la prise en charge d?une seule personne âgée dans un centre coûte 500 DA quotidiennement alors qu?elle est nettement moins lourde lorsqu?elle se fait à domicile. Ainsi, pour récupérer des milliards déboursés pour réparer «les erreurs des autres», le ministre a annoncé officiellement que «tous les centres d?accueil seront fermés d?ici à 2009».