Hommage La grande chanteuse nous a quittés vendredi, à Oran, à l?âge de 53 ans, à la suite d?une maladie contre laquelle elle a longtemps lutté. De son vrai nom Fatima Bentabet, Sabah Essaghira, enfant de Gambetta, nourrissait très jeune une passion pour la chanson, d?où le v?u de devenir chanteuse. Elle commença d?abord à chanter dans la chorale scolaire. Puis, son rêve se réalise lorsqu?elle apparaîtra pour la première fois devant le public à la faveur de l'émission «Alhan Oua Chabab» où elle surprendra le jury avec sa voix limpide et chaude qui n'était pas sans rappeler celle de la célèbre libanaise Sabah en interprétant Ya El Ghaoui. Sabah Essaghira, éprise du monde de la chanson, imitait, dans un premier temps, Oum Kaltoum et Sabah la Libanaise. Dans son ouvrage Figures du terroir, Bouzian Ben Achour dira : «Elle (Sabah Essaghira) n?a encore ni style propre ni vocation confirmée. Tout juste quelques souhaits épars et une attirance incompréhensible pour les deux divas de la chanson arabe. L?étreinte des deux voix fait naître des ambitions plus affirmées, moins nuancées chez cette adolescente» et qui, des années après, révélera les multiples facettes de son immense talent. Plus tard, le regretté comédien et parolier, Saïm El Hadj, alors directeur artistique à la station d'Oran de l'ex-RTA, la remarquera et s'empressera de lui offrir son premier single avec Ya El-Khomri, l'une de ses créations que mettra en musique Karim El-Houari. La révélation fut surprenante d'autant que Sabah Essaghira, âgée à peine de 18 ans, apportera, grâce au timbre de sa voix et à sa magnifique présence scénique, une couleur différente de la chanson oranaise, dominée, à l'époque, par les deux grandes vedettes, Ahmed Wahby et Blaoui Lahouari. Très à l'aise sous les feux de la rampe, toujours à la recherche d'un texte qui puisse lui permettre de briller devant un auditoire qui l'a très vite adoptée, Sabah, «la petite», récidivera dans le succès avec une nouvelle chanson, toujours de Saïm El-Hadj, Ya Ould Sahel dont l'impact sera aussi retentissant que son premier essai. Sa voie était alors toute tracée. Encouragée par ses prouesses, Sabah Essaghira enchaînera les enregistrements avec autant de bonheur et de talent, se permettant même de «lorgner» vers le théâtre où elle sera distribuée notamment dans la reprise, en 1972, d'El Khobza de Abdelkader Alloula et dans Eddi Ouella Khalli de Boualem Hadjouti. Parallèlement aux planches, elle figurera au générique de plusieurs films dont La chanson de l'automne ou Le silence des cendres. Son minois angélique intéressera, également, des réalisateurs de feuilletons pour «la petite lucarne» comme le défunt Djamel Fezzaz (El Massir) ou Mohamed Houidek (Nouvelles surprises, production inachevée à cause de sa maladie). Interprète d'une cinquantaine de chansons, Sabah Essaghira, qui, depuis plus de quatre ans, luttait contre la maladie, devait être inhumée, ce jour, samedi, à Oran.