Trophée Hier, sur la planète cinéma de Cannes, tout le monde retenait son souffle, et à quelques heures avant la cérémonie de la remise de la Palme d?or, une seule question monopolisait les discussions : qui remportera la Palme d'or du 58e Festival ? Loin des rumeurs de la ville, le réalisateur serbe Emir Kusturica et les huit autres jurés avaient passé la journée sur les hauteurs de Cannes, en «conclave» dans une splendide villa de style italien pour délibérer. C?est à partir de 17h30 GMT qu?était «sorti» le palmarès du plus célèbre festival de cinéma du monde. La Palme d?or est revenue à L?enfant des frères Dardenne, elle leur a été remise par les acteurs américains Morgan Freeman et Hilary Swank. «Le Festival de Cannes a invité Morgan Freeman et Hilary Swank à remettre ce soir la Palme d'Or. Le couple qu'ils forment évoque irrésistiblement l'univers de Clint Eastwood auquel le Festival tient par ce geste à rendre hommage», déclare le Festival dans son communiqué. Morgan Freeman et Hilary Swank sont, avec Clint Eastwood, les interprètes principaux de Million Dollar Baby, dernier opus du cinéaste. Les frères belges, Jean-Pierre et Luc Dardenne, n?avaient pas manqué à cette occasion de dédier la Palme d'or du 58e Festival de Cannes aux deux otages en Irak, la journaliste française Florence Aubenas et son guide irakien Hussein Hanoun. «Mon frère et moi nous voudrions dédier cette Palme à Florence Aubenas et à son chauffeur Hussein (Hanoun) enfermés en Irak», a déclaré Luc Dardenne aussitôt après avoir reçu le trophée en or massif. Les frères Dardenne décrochent pour la deuxième fois la récompense suprême du Festival de Cannes, après avoir obtenu une première Palme en 1999 avec Rosetta. Le film raconte les conséquences dans la vie d'un jeune voyou, incarnée par l'acteur belge Jérémie Renier, de l'arrivée d'un bébé que le jeune homme accueille d'abord avec indifférence. Les frères Dardenne, adeptes d'un cinéma ancré dans la réalité sociale, entrent dans le club très fermé des réalisateurs récompensés par deux Palmes d'or à Cannes, aux côtés d'Emir Kusturica, de Bille August, de Francis Ford Coppola et de Shohei Imamura. Des rires, du glamour, mais aussi des messages politiques sur le conflit israélo-palestinien et la dédicace des frères Dardenne aux otages français en Irak : la cérémonie de clôture du Festival de Cannes a joué sur tous les registres. L'actrice Cécile de France, maîtresse de cérémonie, s'adresse aux rieurs : «Cannes, ce n'est pas seulement la montée des marches. Ce sont 2 000 projections, 150 000 spectateurs, mais aussi 28 litres de larmes, 220 heures de rire et seulement 3 ronflements !», affirme-t-elle, sans révéler sa méthode d'enquête. La maîtresse de cérémonie fait aussi des révélations sur le jury : «13 ?engueulades?, 10 fous rires, 15 embrassades et 80 litres de café ont été nécessaires pour arrêter le palmarès.» «Que la force soit avec eux !», lance l'actrice belge en prenant la voix de Dark Vador, le méchant de Star Wars, l'autre vedette de Cannes 2005. Enfin, à l'attention de tous les lauréats, Fanny Ardant, marraine du Grand prix 2005 (Broken Flowers de Jim Jarmusch), aura ce conseil en habituée des récompenses : «Un prix, ça ne sert à rien. On l'oublie. Ce qu'on n'oublie pas, c'est le plaisir et l'émotion ressentis quand on les reçoit.»