Différents types de haïk furent adoptés, tels que haïk “el-kssa”, filé de laine fine. L'Algéroise de jadis le portait en hiver avec un petit voile blanc très fin, appelé “el-aâdjar”, dont elle se couvrait la partie inférieure du visage, dissimulant ainsi toutes ses formes ; elle ne laissait voir que son précieux regard. Puis, il y eut haïk “mrema” (ou la fouta blanche), qui est un voile plus léger que le précédent et plus précieux, car tissé de soie pure et rayé de fils d'or et d'argent, pour les plus riches. Il était, quant à la qualité, de premier choix et d'un prix élevé. Ceci limitait la femme moyenne à s'acheter un haïk “demi-mrema”, dénomination ayant trait au mélange de soie et de satin, ce qui en faisait un tissu de second choix. Néanmoins, il en existait un autre de moindre qualité encore, car tissé uniquement de satin et qu'on appelait haïk “sousti”. Plus tard, avec l'arrivée d'une nouvelle matière, un nouveau type de haïk apparut sous l'appellation de haïk “polyester”. Il fit le bonheur des Algéroises en hiver. Enfin, il y avait le “houiek” fait de soie, de “ftoule” et de “guergueffe” (passé plat) et que la jeune mariée portait la veille de ses noces, ne se dévoilant que le jour de son mariage afin de faire sensation devant l'assistance. Dans l'histoire du haïk, il ne faut pas considérer seulement son type et sa qualité, mais aussi l'art et la manière de le porter qui se modifièrent avec les années. En effet, d'un symbole de pudeur (soutra), il passa peu à peu à un objet de séduction. Certaines femmes se maquillaient et se coiffaient outrageusement et portaient ce voile de manière désinvolte, allant même jusqu'à dénuder une partie de leurs jambes, tout en adoptant une démarche provocante pour attirer, sur elles, l'attention masculine. C'est alors que les familles algéroises de l'époque préférèrent laisser le choix aux jeunes filles de porter ou pas le haïk, lequel a évolué de manière vulgaire. De ce fait, il ne correspondait plus à l'image sobre et discrète d'antan. Cet habit fut alors de plus en plus souvent délaissé.