Résumé de la 1re partie Corse, 20 septembre 1992. Le maire d?un village est très inquiet, un interlocuteur anonyme lui a déclaré que la mairie allait sauter. Loïc et David se sentent donc à l'abri dans leur fourgon bleu. Ils inspectent au ralenti les rues sombres, puis s'installent devant la mairie. Leur seule présence devrait décourager l'anonyme poseur de plastic. C'est le but recherché : la dissuasion. Demain, il fera beau sous le soleil de septembre. Demain, ils retourneront au casernement. Cette nuit est une mission banale. 4h 30 du matin. L'éclairage public s'éteint brutalement. Il est pourtant un peu tôt, la lumière de l'aube ne permet pas encore de distinguer des silhouettes dans les coins d'ombre. Le silence règne dans le village qui dort. Dans le fourgon bleu, les deux jeunes gendarmes s'inquiètent modérément de cette absence de lumière, le bout de cette nuit de veille, en surveillance statique et morne, n'est pas loin. À la relève, ils iront dormir. 5h 30. Dans l'aube hésitante, une déflagration. Une seule. Un coup de feu qui traverse la vitre arrière du fourgon et vient terminer sa course mortelle dans la nuque du gendarme Loïc, qui occupe le siège du conducteur. Loïc s'effondre sur le volant. Le pare-brise explose, devant lui, en même temps. Le coup de feu est parti de derrière le fourgon, exactement dans l'axe, un seul grain de chevrotine a suffi pour tuer, les autres se sont éparpillés dans le véhicule. Lorsque David comprend, quelques secondes plus tard, il jaillit du fourgon pour demander de l'aide et des renforts. Quelques fenêtres s'illuminent, des têtes apparaissent. David, qui occupait le siège du passager, appelle sur la radio du véhicule, mais il est trop tard pour son camarade et trop tard aussi pour repérer le tireur. Le ministre dénonce ce «lâche assassinat». Le maire fait une déclaration à la presse, l'opinion s'émeut, mais dans la mêlée des grèves des prisons, la préparation du référendum de Maastricht, la maladie présidentielle, la mort d'un gendarme ne tient pas longtemps la Une. En Corse, les attentats sont toujours compliqués à élucider, les enquêtes interminables, et le public a souvent l'impression que rien ne sort de rien, comme si la «guerre» corse était une fatalité. Mais sur place les gendarmes, eux, s'activent. Crime autonomiste ou pas, ils veulent le tueur. Une certitude d'abord : le tireur était embusqué à l'angle d'une maison et d'une ruelle qui débouche sur une route départementale. Il était armé d'un fusil de chasse trafiqué ; il a tiré à une distance de trente mètres au maximum, peut-être vingt, et s'est enfui très facilement. Il connaît donc parfaitement les lieux. Une autre certitude : l'idée que la coupure d'électricité faisait partie du complot ne tient pas la route, les coupures ayant été fréquentes ces dernières semaines. Deux hypothèses se présentent aux enquêteurs : ou cet attentat est la suite des autres dirigés contre le maire, ou bien il n'a rien à voir avec le climat qui règne dans ce village et constitue un acte isolé ? tuer un gendarme pour tuer un gendarme. Les autonomistes ne réclament pas la paternité de ce genre d'acte, ce n'est pas leur style, mais l'enquête se heurte tout de même à des silences et des refus de coopérer, classiques en Corse, où X. a peur de dire que Y. a rencontré Z., de peur que W. ne se venge. La systématique vérification des identités et des emplois du temps est la meilleure des bases de travail. On recherche donc où était chacun entre 5h et 5h 30 du matin, le jour de l'attentat. (à suivre...)