Présentation L?exposition est une entreprise cherchant à éviter les lectures univoques ou réductrices d?une histoire à la fois commune et conflictuelle. «L?Algérie et la France : destins et imaginaires croisés», tel est le générique de l?exposition qui, présentée par le Centre des archives d?outre-mer (France), l?association Mémoires méditerranéennes (France) et l?Institut de recherches sur le monde arabe et musulman (France), se tient au Palais de la culture d?Alger. L?exposition, réalisée en mai 2004 à Aix-en-Provence dans le cadre de Djazaïr 2003, une Année de l?Algérie en France, pose la problématique suivante : «Comment se succèdent et se croisent les processus qui tissent les mémoires collectives et individuelles du rapport franco-algérien ? A quelles conditions ces mémoires multiples peuvent-elles accepter une lecture commune de l?histoire qui projette sur le présent la conscience de continuer à partager un destin solidaire ?» Rigoureuse dans la présentation de plusieurs siècles d?histoire des relations franco-algériennes et dans le choix des documents qui l?illustrent, l?exposition, fruit d?une collaboration étroite entre chercheurs de France et d?Algérie (archivistes, sténographes et historiens), s?ordonne autour de séquences qui, tout en respectant la chronologie, met en valeur certains thème forts par leur impact imaginaire ou social, des relations franco-algériennes qui, réparties dans le temps, résument les liens mettant en interaction l?Algérie et la France. En marge de l?exposition, Jean-Robert Henry, directeur de recherches au Cnrs et commissaire scientifique de l?exposition, a animé, jeudi, une conférence autour de «L?écriture de l?histoire commune». «Ecrire une histoire commune s?avère un exercice difficile quand les mémoires multiples d?une longue et difficile relation entre des sociétés s?entrechoquent», explique-t-il. Et d?ajouter : «Et c?est pourtant un exercice nécessaire pour aider à jeter des passerelles entre ces différentes mémoires. Il ne s?agit pas d?opposer histoire et mémoires ni de les confondre, mais seulement de distinguer l?écriture de l?histoire du processus de construction des mémoires. C?est la tâche des historiens de proposer des éléments d?histoire commune qui respectent l?existence des différentes expressions individuelles et collectives du travail de mémoire, tout en amenant chacune de ces mémoires particulières à accepter que d?autres relectures du passé puissent se bâtir sur des saillantes différentes de l?histoire commune.» Le conférencier se félicite, par ailleurs, du changement, enregistré ces dernières années, du discours politique de part et d?autre de la Méditerranée. «Je suis optimiste qu?un effort de rapprochement des deux sociétés, algérienne et française, se fasse par les deux pays, que le processus de décantation de mémoire est enclenché, et je me réjouis davantage de la facilité dont les choses ont été faites en ce sens.»