Des images et des documents d'archives, de cette étroite relation qui a scellé les rapports entre ces deux pays. Le Palais de la culture Moufdi-Zakaria abrite depuis mercredi dernier, une exposition originale organisée par le Centre culturel français. L'Algérie et la France: Destins et imaginaires croisés est l'intitulé de cette exposition qui se décline en une installation de plusieurs panneaux représentant les différentes étapes historiques liées au destin de la France à celui de l'Algérie. Les panneaux témoignent, par des images et des documents d'archives, de cette étroite relation qui a scellé les rapports entre ces deux pays. L'exposition L'Algérie et la France: Destins et imaginaires croisés, a été réalisée dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France et inaugurée en mai 2003 à Aix-en-Provence. S'adressant à un public large, cette exposition s'est voulue rigoureuse dans la présentation de plusieurs siècles d'histoire des relations franco-algériennes et dans le choix des documents qui l'illustrent, nous souligne-t-on. Elle est le fruit d'une collaboration entre des chercheurs de France et d'Algérie, des archivistes, des scénographes, qui ont mis chacun leurs compétences ou leur talent au service de l'entreprise. Trois institutions ont porté la réalisation: le centre des archives d'outre-mer (direction des archives de France), l'association Mémoires méditeranéennes et l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (Iremam). L'exposition s'ordonne autour de séquences qui, tout en respectant le fil chronologique, mettent en valeur certains thèmes forts par leur impact imaginaire ou social, des relations franco-algériennes: la Régence d'Alger et la France, conquête, résistance, colonisation, Le Royaume arabe, terme désignant par Napoléon III l'Algérie, la suprématie des colons, une mère patrie pour tous? D'une Algérie à l'autre, l'Algérie vivra-t-elle? Entre deux guerres, la Guerre d'Algérie et ses déchirures, l'épreuve de la paix, coopération et migration, un destin commun ? L'exposition s'achève par une série de témoignages ou d'extraits littéraires d'écrivains algériens et français sur la complexité et la richesse à la fois de se doter de cette double culture algéro-française et met en exergue cette notion de fraternité et «d'altérité» instaurée après ce «malentendu» de la guerre... Dans ce même cadre de célébration de l'histoire commune franco-algérienne, Jean-Robert Henry a animé jeudi une conférence sur l'écriture de l'histoire comme une à la faveur d'une «longue et difficile relation entre des sociétés qui s'entrechoquent». Pour lui, il n'est pas aisé ainsi de réaliser cette écriture. «Il n'est pas facile d'écrire une histoire commune». Pour ce faire pourtant, il faut que les historiens puissent se pencher sur la question en proposant des éléments d'histoire commune qui respectent l'existence des différentes expressions individuelles et collectives du travail de mémoire, tout en amenant chacune de ces mémoires particulières à accepter que d'autres relectures du passé puissent se bâtir sur des saillances différentes de l'histoire commune. «On ne peut se contenter d'apposer à une histoire française de l'Algérie, le contrepoint d'une histoire algérienne ou se réfugier dans des mémoires closes. Restituer la complexité des relations franco-algériennes, c'est aussi s'efforcer d'en saisir les différents registres et de croiser les temporalités. A la sécheresse des faits politiques, des ruptures historiques, des données démographiques, il faut ajouter la chair et le jeu des imaginaires dans la diversité de leurs supports: ceux de la création littéraire et artistiques mais aussi les ''imaginaires institutionnels'', c'est-à-dire la façon dont, à différentes époques, on a politiquement et juridiquement pensé le rapport franco-algérien depuis le ''royaume arabe'' et son inspiration saint-simonienne jusqu'à la ''coopération'', en passant par l'''assimilation'' sans oublier bien sûr les réactions de la société algérienne à ces projets, dont beaucoup ont laissé le goût amer des occasions perdues», affirme J-R Henry.