Bloc Un sommet a réuni, en avril dernier, d'anciennes Républiques soviétiques pro-occidentales. «Nous ne faisons plus partie de l'empire (...), nous devons créer un nouveau Yalta (l'accord qui, en 1945, avait divisé l'Europe en deux zones d'influences, occidentale et soviétique, ndlr)», a déclaré le président géorgien, Mikhaïl Saakachvili, dans son style flamboyant, qui n'a renoncé à aucune hyperbole pour souligner l'importance du sommet qui s'est tenu à Chisinau, capitale de la Moldavie. «Les Etats du Guam (initiales des Etats fondateurs ? Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Moldavie, ndlr) doivent se tourner vers les Etats-Unis et l'Union européenne», a encore lancé Saakachvili, qui participait avec les présidents moldave, ukrainien, azéri, lituanien et roumain à une tentative de relance d'une organisation régionale rebelle à Moscou. Fondé en 1997 avec le soutien des Etats-Unis, le Guam rassemble des pays de l'ex-Union soviétique qui ont des contentieux avec la Russie. Trois d'entre eux (Géorgie, Moldavie et Azerbaïdjan) ont même perdu des morceaux de leurs territoires qui se sont détachés de facto avec le soutien de Moscou. L'Ouzbékistan s'est joint à eux en 1999, mais s'en est retiré en 2002. Les Etats-Unis encouragent vivement cette organisation, soucieux d'assurer l'écoulement du pétrole de la mer Caspienne indépendamment de Moscou. Le Guam connaît un nouveau souffle depuis les révolutions qui ont porté des pro-Occidentaux au pouvoir en Géorgie en 2003, puis en Ukraine en 2004, suivies du revirement du président moldave, ex-communiste rallié au camp démocrate. Tous trois en conflit ouvert avec Moscou, Mikhaïl Saakachvili, Viktor Iouchtchenko et Vladimir Voronine ont souligné leur volonté de faire du Guam un instrument pour résoudre leurs conflits territoriaux, s'épauler dans leur cheminement vers l'Union européenne et l'OTAN, ou propager les valeurs occidentales dans d'autres Républiques ex-soviétiques. A ce sommet, Saakachvili avait promis de révéler quel devrait être le prochain pays de l'ex-URSS soulevé par une «révolution démocratique» : ce sera la Biélorussie, pouvait-on conclure à Chisinau, où le président géorgien, comme la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, a longuement insisté sur «le droit au libre choix du peuple biélorusse».